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MONOPHYSITE (ÉGLISE COPTE), LITURGIE


qu’à partir de la messe des fidèles ou anaphore. La prothèse et la messe dite des catéchumènes constituent un ordo communis pour les trois. L’anaphore de saint Cyrille est la plus ancienne ; elle reproduit en beaucoup d’endroits mot à mot la liturgie grecque de saint Marc. Les deux anaphores de saint Grégoire et de saint Basile existent aussi en grec, mais avec des variantes. Nous avons signalé quelques particularités des messes coptes en parlant de l’eucharistie et de l’épiclèse. Voir plus haut, col. 2283 sq.

La tradition de l’Église copte, dit Abou’l Barakât, est que la messe ne puisse avoir lieu qu’à la suite d’une prière. Le mieux est que ce soit la prière de l’heure qui la précède, suivant le temps de l’année ecclésiastique. On y joint la prière dite « de la levée de l’encens ».

Les encensements sont fréquents dans le rite copte. On attache une grande importance à la qualité de l’encens, dont on distingue quatre sortes : 1. Le sandarus ou sandaraque (= l’encens javanais ou de Sumatra), dont l’odeur est pénétrante et qui ne laisse pas de résidu. Il passe pour n’avoir jamais été offert aux idoles ; 2. le lubân, que les Mages offrirent à Notre-Seigneur ; 3. l’encens fait avec le bois d’aloès indien, qui passe pour avoir la propriété de chasser les esprits impurs et de brouiller les desseins des sorciers ; 4. le maia, dont nous ignorons la qualité.

L’ère et le calendrier.

 Les coptes ont adopté

l’ère des martyrs ou de Dioctétien, qu’ils font partir du premier jour du mois de Tout (= 29 août de notre calendrier) de l’année 284. L’historien grec Malalas dit que « l’ère de Dioclétien », transformée ensuite par les chrétiens en « ère des Martyrs », fut inaugurée en souvenir de la clémence que Dioclétien témoigna aux Alexandrins après la prise de leur ville, qu’il avait dû assiéger. Serait-ce la raison pour laquelle les coptes l’ont adoptée ? Ce qui est curieux, c’est que l’historien Jean de Nikiou et les synaxaires coptes font de Dioclétien un Égyptien.

L’année égyptienne est divisée en douze mois de 30 jours, chacun, auxquels on ajoute, à la fin, 5 jours complémentaires (Y)U.épai ÈJT<xYÔfi.svai) formant le petit mois. Ce petit mois est de six jours aux années bissextiles. On sait que ce système fut adopté par les révolutionnaires français en 1792 pour l’établissement du calendrier républicain. Les noms des mois sont les suivants : Tout (29 août-27 septembre) ; Paopi (28 septembre-27 octobre) ; Hatour (28 octobre26 novembre) ; Kihiak ou Koiahk (27 novembre26 décembre) ; Toubi (27 décembre-25 janvier) ; Méchir (26 janvier-24 février) ; Phamenot (25 février26 mars) ; Pharmouti (27 mars-25 avril) ; Pachon (26 avril-25 mai) ; Paoni (26 mai-24 juin) ; Epiphi (25 juin-24 juillet) ; Mesori (25 juillet-23 août) ; Epagomene ou petit mois (24 août-28 août).

L’Église copte suit encore le calendrier julien et, pour la fixation de la fête de Pâques, le canon de Nicée.

Les fêtes.

 Comme les autres rites, le rite copte

connaît des fêtes fixes et des fêtes mobiles commandées par la date de Pâques ; des fêtes majeures et des fêtes mineures ; des fêtes du Seigneur, des fêtes de la Vierge et des fêtes des martyrs et des saints.

Il y a quatorze fêtes du Seigneur, dont sept majeures : L’Annonciation (29 Phamenot ou Barmahat = 25 mars), Noël (29 Kihiak = 25 décembre), l’Epiphanie, c’est-à-dire la fête du baptême de Notre-Seigneur (Il Toubi = 6 janvier), la fête de l’olivier ou dimanche des Bameaux, Pâques, l’Ascension, la Pentecôte ; et sept fêtes mineures : la Circoncision (6 Toubi = 1 er janvier), la fête du premier miracle, ou noces de Cana (13 Toubi = 8 janvier), l’entrée au temple ou Présentation (8 Méchir = 2 février),

.le grand Jeudi ou Jeudi saint, le premier dimanche après Pâques ou dimanche de Thomas, la fête de l’entrée du Seigneur en Egypte (26 Pachon = 19 mai), la Transfiguration (13 Mesori = 6 août). Abou’l Barakât compte autrement les fêtes du Seigneur : Dans le premier groupe il met la Transfiguration, et place l’Annonciation dans le second groupe. Il ne parle pas de la fête du premier miracle et la remplace par le Vendredi saint. Il connaît en outre deux fêtes de la Croix, la première, le 17 de Tout (= 14 sept.), « pour sa deuxième manifestation après qu’elle avait été cachée et pour la consécration de son église » ; la seconde, le 19 de Phamenot ou Barmahat (= le 8 mars), l’invention de la sainte Croix par sainte Hélène. Sauf pour cette dernière fête, on voit que les dates des fêtes qui sont communes aux deux calendriers copte et romain se correspondent, malgré l’apparente divergence’du quantième du mois. Cf. Villecourt, loc. cit., 1925, t. xxxviii, p. 172-181. Les divergences que présente le tableau établi par Nilles, Kalendarium manuale utriusque Eccles., t.n, p. 693 sq., viennent de ce qu’il base sa concordance sur le calendrier grégorien. Vansleb attribue au calendrier copte 32 fêtes de la sainte Vierge, mais il en compte au moins deux (= l’Annonciation et l’Entrée en Egypte) qui figurent déjà parmi les fêtes du Seigneur. Comme nous l’avons déjà fait remarquer, l’Église copte fête séparément la Dormition de Marie (le 21 Toubi = 16 janvier) et son Assomption glorieuse (le 16 Mesori = 9 août). Parmi ces fêtes mariales, trois sont majeures et de précepte : la Nativité (10 Tout = 8 septembre), la Présentation au temple (3 Kihiak = 29 novembre) et l’Assomption. Abou’l Barakât place la conception de Marie au 13 Kihiak, soit notre 9 décembre. Il y a une mémoire de la sainte Vierge le 21 de chaque mois.

Parmi les fêtes des saints, l’une des plus solennelles, ayant des cérémonies particulières, est la fête des saints apôtres Pierre et Paul, le 5 Epiphi ( = 29 juin). Ce jour-là, il y a la cérémonie du lavement des pieds, comme le Jeudi saint, et la bénédiction des raisins et du vin.

Le rituel.

Le rituel copte renferme peu d’éléments

dont on ne trouve l’équivalent dans les autres euchologes. Signalons les principales consécrations et bénédictions : consécration d’une église, d’un autel, d’un baptistère, d’une patène avec son linge, d’un calice avec son linge, de la cuillère du calice ; bénédiction de la toile noire dont on couvre l’autel ; oraison pour l’exposition d’une image dans l’église ; oraison pour la déposition ou la translation des corps des martyrs ; rite de la coction et de la consécration du chrême contenu dans le Livre du chrême, dont nous avons déjà parlé. Il y a un rituel spécial des obsèques pour un patriarche, un diacre, une femme morte en couche. Le cercueil d’une femme morte en couche reste à la porte de l’église, parce qu’elle est considérée comme impure. Il existe un office des morts qui se récite dans les cimetières à la commémoraison du 40e jour, du sixième mois et de l’anniversaire.

Les églises coptes sont habituellement de forme rectangulaire et divisées en quatre compartiments : 1. le Heikel ou sanctuaire, qui renferme l’autel, une table de pierre isolée et sans gradins ; il est séparé du reste de l’édifice par une cloison en bois, au milieu de laquelle s’ouvre une porte fermée par un large voile marqué d’une croix ; 2. la partie réservée au clergé, dans laquelle pénètrent aussi les notables de la nation ; 3. le compartiment des hommes ; 4. le compartiment des femmes séparé de celui des hommes par une grille en bois.

De ce que nous avons dit de la législation canonique