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MISSIONS, FORMATION DES MISSIONNAIRES


tint à ce qu’il y eût un pavillon consacré à la médecine dans les missions. Il fut organisé par le R. P. Gemelli, O. S. F., recteur de l’université du Sacré-Cœur de Milan et le prof. Franchini de Bologne.

Ce fut un encouragement pour ceux qui se faisaient les promoteurs de renseignement médical, et de l’envoi aux missions de médecins proprement dits. A Louvain se créa le FOMULAC, la Fondation médicale de l’Université de Louvain au Congo, dont le programme est net : formation d’infirmiers et d’assistants médicaux, hospitalisation des noirs, recherches scientifiques. La fondation est établie sur le plateau de Kisanlu, dans la mission des jésuites au Kwango ; elle comporte un hôpital noir, un hôpital blanc, la maison du médecin, celle de sœurs infirmières.

En même temps l’A. M. M., VAide médicale aux missions, se créa à Bruxelles (D r Wibo) : il s’agit d’amener les médecins à partir pour les missions.

Le gouvernement du Congo offrit 30 000 francs palan à tout médecin qui s’engagerait à se dévouer à cette œuvre, et l’un des chefs de mission offrit d’y ajouter 10 000 francs. C’est donc un traitement annuel de 40 000 francs que l’on assure à ceux qui consentent à s’expatrier, cela sans compter les fruits qu’ils en tireraient pour leur formation médicale et leur avenir.

Il y a peu de demandes de la part des médecins belges, et un peu plus de la part des étrangers. Quatre ou cinq médecins cependant ont déjà été attachés à diverses missions du Congo.

En France, depuis 1923, a été fondée YŒuvre du bon Samaritain qui se compose de deux sections : ceux qui partent pour les missions en qualité de médecins, de pharmaciens ou d’infirmiers, et ceux qui travaillent dans leur patrie à procurer des adhérents à l’œuvre ou à leur procurer des secours. L’idée est excellente, mais ce n’est encore qu’une idée. On attend la réalisation.

A Lille, en 1926, ont été fondés sous l’impulsion du R. P. Loiselet, jésuite, docteur en médecine, et ancien missionnaire à Madagascar et en Syrie, des séries de cours de vacances pour les candidats aux missions. L’essai a réussi et les élèves, religieux et religieuses, sont venus nombreux. L’Université catholique de Paris est entrée en 1928, dans la même voie. Ajoutons que le P. Loiselet a organisé le ravitaillement en remèdes des missions.

C’est en Allemagne que le mouvement médical a été organisé et lancé le plus solidement. Dès 1921, plus de 100 médecins se groupèrent en association à Aix-la-Chapelle — et leur exemple a été suivi depuis, à Wurzbourg, à Cologne et à Berlin — afin de constituer une assistance médicale au service des missions. Un appel fut lancé au public, dans lequel on lisait : « L’association recueille les observations faites par la mission médicale sur la thérapeutique des régions tropicales, et la médecine des pays situés en dehors de l’Europe ; elle veille à la formation des médecins missionnaires, prend part à l’instruction du personnel des missions ; elle fonde et soutient des hôpitaux, des asiles d’aliénés, des léproseries, etc. »

L’année suivante, le 2(5 janvier 1922, comme suite à cet appel, une conférence de hauts personnages ecclésiastiques et laïques, se réunit à Wurzbourg, et décida la création d’un institut médical missionnaire rattaché à l’université de cette ville et au célèbre hôpital Julius. Cet institut aurait pour but tout d’abord la formation professionnelle et apostolique de médecins catholiques, hommes et femmes, dans un « home » spécial dirigé par un ecclésiastique, ayant le droit d’admettre et d’exclure les candidats. De plus, il aurait chaque année des cours spéciaux pour les frères et les sœurs missionnaires en vue d’en faire des

infirmiers capables. Enfin il organiserait des cours abrégés pour les missionnaires prêtres. Toutes les précautions étaient prises pour ne choisir en vue du doctorat eu médecine que des sujets aptes a cette vocation, et pour les maintenir dans ces dispositions. En règle générale, on demanderait aux candidats d’être d’abord agréés par un ordre ou une congrégation missionnaire ; et leur formation à la fois religieuse et professionnelle achevée, ils s’engageraient par serinent à servir pendant 10 ans la mission envers laquelle ils auraient pris des engagements, faute de quoi ils seraient tenus de lui rembourser une somme proportionnelle aux dépenses qu’ils lui auraient occasionnées. Des médecins diplômés pourraient cependant, suivant les circonstances, s’engager pour une période de moins de dix ans.

Dès le mois de février 1922, sous la direction de deux médecins chefs, 30 religieuses suivaient les cours d’infirmières qu’elles terminèrent au mois de décembre suivant par des examens publics brillamment passés. Un peu auparavant, sous la direction du R. P. Becker, S. D. S., ancien préfet apostolique de l’Assam, on avait inauguré le « home » destiné à préparer les futurs médecins missionnaires, « des médecins, hommes et femmes, qui soient de précieuses forces dans l’œuvre de la propagation de la foi, des médecins, foncièrement catholiques, qui accompagnent les missionnaires sans jamais demander à être dédommagés de leur travail. Arens, Manuel, p. 186. Tout un groupe de médecins, hommes et femmes, ayant achevé leurs études, s’offrirent, et le premier à partir, le D r Fritz Drexler, fut envoyé à la fin de l’année 1924 en Chine, au Kansou oriental, à la disposition de la mission des RR. PP. capucins ». Espérons qu’il sera suivi par beaucoup d’autres. Il y en avait 13 en service en 1924.

Le mouvement donc est lancé, plus rapidement même qu’on n’aurait pu l’espérer, et il promet beaucoup. Ce n’est pas à dire qu’il ne doive rencontrer des difficultés. Il exigera beaucoup d’argent soit pour la formation, soit pour l’entretien d’un corps médical sérieux, soit surtout pour la création et l’entretien des hôpitaux nécessaires, des centaines de millions au moins.

Par ailleurs, il y a des pays où les médecins catholiques ne manquent pas : ainsi, la Syrie avec les anciens élèves de l’université SaintJoseph. Il en faut dire autant des médecins catholiques formés par l’université l’Aurore de Changhaï.

Dans les vieilles colonies européennes, au Japon, mieux vaudra généralement utiliser les ressources locales, et pousser à la formation de médecins indigènes catholiques. Il y aura des préventions à vaincre, des misères à surmonter, des mécomptes peut-être assez nombreux, des rivalités, des jalousies, des divisions, etc. Tout cela n’est rien en face du bien immense à accomplir, et l’on en viendra à bout, à force de bonne volonté, de sagesse et de patience.

IV. La formation des missionnaires. - Tous les ouvriers dont nous venons de parler, vu leur vocation très spéciale, .ont besoin aussi d’une formation appropriée.

I. LES AUXILIAIRES. - - Il y a peu de cluses à dire sur les Frères et les Sœurs indigènes. Les conditions d’admission sont les mêmes que partout, celles qui sont prévues dans le Code. La formation soit religieuse, soit professionnelle, leur est souvent donnée, surtout dans les premiers temps, par des religieux ou des religieuses venus d’Europe, et qui leur transmettent leurs traditions. Ils ont souvent à passer, s’ils sont destinés à l’enseignement, des examens officiels. Rien de plus à en dire.