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1353 MESSE DANS LA LITURGIE, L’ANAPHORE DE SÉRAPION 1354

èvépYeia, èm81]y.ia., etc., qui s’opposeraient à toute hypothèse contraire.

Une seconde remarque c’est que l’ouvrage est à l’usage de l’évêque seul ; il ne contient, avec une seule exception, que les prières qu’il doit réciter durant le service, si bien même que par deux fois, ce qui est rare pour les prières liturgiques surtout à cette époque, il emploie la première personne du singulier èxTeivû ty]v X £ ^P a ( n - IH)>e t TtapaxocXôi æ (n. XIX). Il pouvait donc réunir ces prières selon l’ordre qui lui convenait. Mais cet ordre n’est du reste pas fantaisiste. L’anaphore étant la partie la plus importante de la liturgie prend naturellement la première place (n. I-VI) ; puis viennent les prières pour le baptême, pour l’ordination, pour diverses bénédictions et pour les morts (n. VIIXVIII). Les prières d’avant-messe sont reléguées à la fin, comme moins importantes. Du reste elles offrent d’assez grandes variations dans les recueils que nous connaissons. Rien n’empêche de supposer non plus que les bénédictions (n. XXVIII-XXX ) forment une collection séparée où l’évêque pouvait puiser ad libitum. Mais en somme le recueil suit un ordre logique.

Analyse.

1. Avant-messe. — C’est pour la

première fois que dans un document liturgique nous trouvons des prières d’avant-messe (n. XIX-XXVII).

Cet office consiste ici en une première prière au Père du Fils unique, Maître de l’univers, qui a tout créé, et à qui l’évêque demande son secours et sa grâce pour les fidèles ; qu’il envoie son Esprit-Saint dans nos intelligences pour comprendre les Écritures, « par ton Fils unique Jésus-Christ, dans l’Esprit-Saint, par qui est à toi gloire et puissance maintenant et dans les siècles des siècles. Amen. »

La seconde prière, prière après l’homélie (n. XX), qui a dû suivre les lectures non mentionnées ici, est adressée : au Dieu sauveur, Dieu de l’univers, Maître du monde, Père du Fils monogène, que tu as envoyé pour sauver les hommes… pour qu’il ouvre les cœurs (probablement des catéchumènes) et crée un peuple fidèle par le Christ « ton Fils unique dans le Saint-Esprit par qui est à toi, etc. » La prière suivante est aussi, et nommément, sur les catéchumènes pour que Dieu les prépare au baptême et les en rende dignes. Elle se termine par la même doxologie. La prière du n. XXVIII, bénédiction des catéchumènes, devait suivre celle-ci, puisque les catéchumènes quittaient l’église à ce moment. C’est aussi la fin de l’avant-messe. Les prières qui suivent (n. XXII, XXIII, XXIV, XXV) peuvent être considérées comme la prière des fidèles qui précédera l’offertoire.

2. Messe des fidèles.

a) Prière des fidèles. — Elle se compose d’une prière pour les malades (n. XXII) qui devait être suivie de la bénédiction des malades (n. XXX) ; d’une prière pour la bénédiction des fruits (n. XXIII) ; d’une prière sur l’Église (n. XXIV) ; d’une prière pour l’évêque, les prêtres, les diacres, les sousdiacres, les lecteurs, les interprètes, les solitaires, les vierges, les chrétiens mariés, les enfants. Il est possible que cette dernière fût dite par un des prêtres, car tous alors concélébraient avec l’évêque. Puis une prière dite à genoux (n. XXVI) et enfin une prière sur le peuple, vraie prière litanique qui, selon Wordsworth et Brightman, est la prière des diptyques, prière pour les fidèles, pour tout le peuple, pour les souverains, pour les hommes libres et les esclaves, les vieillards et les enfants, pour les voyageurs, les affligés, les malades. Chacune des prières est terminée par la doxologie. Le baiser de paix n’est pas mentionné ici, pas plus que l’offertoire qui certainement devait suivre ces prières.

b) L’anaphore. — L’anaphore qui suit l’offertoire comprend les prières I à VI inclusivement. Elle rentre

tout naturellement dans le cadre que nous avons donné pour celle d’Hippolyte.

a. Le prélude. — L’anaphore débute comme toutes les préfaces par le Vere dignum et justum est. Le Père est àyévr^Toç, le Dieu incréé, ineffable, incompréhensible, Père du Fils monogène… Ce Dieu Père invisible est la source de toute lumière, de toute vie, de toute grâce, de toute vérité… à lui est due toute louange, etc.

b. C’est lui qui nous a envoyé son Fils unique, le Logos par qui nous connaissons le Père, par lui et le Saint-Esprit nous louons le Père.

Mais déjà dans l’anaphore de Sérapion, à la différence de celle d’Hippolyte, la préface au lieu d’aboutir directement au récit de l’institution, revient à la louange du Père, entouré de myriades d’anges, d’archanges, de trônes, de dominations, de principautés, de pouvoirs ; auprès de lui se tiennent les deux séraphins avec leurs six ailes ; à eux tous nous nous unissons pour dire : Sanctus.

c.~ Institution. — Mais l’idée du sacrifice revient aussitôt et va amener le récit de l’institution :

Impie etiam hoc sacrificium virtute tua et communicatione tua. Tibi enim obtulimus hoc sacrificium vivum, oblationem incruentam. Tibi obtulimus hune panem, similitudinem corporis Unigeniti. Hic panis sancti corporis est similitudo, quoniam Dominus Jésus Christus, in qua nocte tradebatur, accepit panem ac fregit deditque discipulis suis dicens : accipite et manducate, hoc est corpus meum, quod pro vobis frangitur in remissionem peccatorum.

Propterea et nos similitudinem mortis célébrantes panem obtulimus, et deprecamur : per hoc sacrificium reconciliare nobis omnibus et propitiare, Deus veritatis ; et sicut hic panis dispersus erat supra montes et collectus factus est in unum, ita et Ecclesiam tuam sanctam collige ex omni gente et omni terra et omni urbe et vico et domo, et redde unam vivam catholicam Ecclesiam.

Obtulimus etiam calicem, similitudinem sanguinis, quoniam Dominus Jésus Christus accepit calicem, postquam cenavit, et dixit discipulis suis : accipite, bibite, hoc est novum testamentum, quod est sanguis meus, qui pro vobis effunditur in remissionem peccatorum.

Le récit de l’institution suit, comme les anaphores orientales, le texte de saint Paul, in qua nocte, au lieu du qui pridie du canon romain et. des autres canons latins, sans en excepter, on peut le dire, la liturgie mozarabe. Les mots similitudo corporis et similitudo sanguinis, to ôu.oî « u.a, ont ici un sens spécial qui a été souvent expliqué, et sur lequel nous reviendrons à l’occasion de l’anaphore du De sacramentis. Dès maintenant rappelons, l’èv ôu.oiôu. a-n aocpxôç âfjtapTÎaç qui ne signifie certes pas dans la pensée de saint Paul, Rom., viii, 3, que le corps du Christ n’était qu’une apparence, mais que, corps réel, il n’avait qu’une ressemblance avec la chair du péché qui est celle des autres hommes avant la régénération. La comparaison du pain dispersé sur la monragne déjà employée dans la Didachè, est très caractéristique.

d. et e. Anamnèse et épiclèse :

Propterea obtulimus etiam nos calicem, similitudinem sanguinis exhibentes. Adveniat, Deus veritatis, sanctum tuum verbum super hune panem, ut panis fiât corpus verbi, et super hune calicem, ut calix fiât sanguis veritatis. Et fac, ut omnes communicantes remedium vitse accipiant ad curandum omnem morbum et ad confortandum omnem profectum ac virtutem, non in condemnationem, Deus veritatis, neque in contumeliam et opprobrium. Te enim increatum invocavimus per unigenitum in Sancto Spiritu : misîricordiam consequatur hic populus, profectu dignus fiât, mittantur angeli adesse populo in destructionem mali et in confirmationem Ecclesise.

Ici prend place un élément qui n’est pas mentionné dans l’anaphore d’Hippolyte, la lecture des diptyques des morts avec une prière, et une prière pour les