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MESSE EN ORIENT, DU IV* AU IX* SIÈCLE


TeXeioîiaGoa 71apà Xpiaxo-3, Adversus anthropomorphitas, c. xii, P. G., t. lxxvi, col. 1097 C. Quant à Hésychius, qui, nous l’avons vu plus haut, semblait attribuer, dans un passage, la transsubstantiation à l’invocation adressée au Christ dans la liturgie dont il se servait, il est aussi explicite que saint Jean Chrysostome sur l’efficacité des paroles dominicales dans le passage que voici : Sanctificationem mystici sacrifîcii et a sensibilibus ad intelligibilia Iranslationem sive commuiationem, ei qui verus est sacerdos, videlicet Christo, oportet dari… quia per ejus virtutem et prolatum ab eo verbum, quæ videntur sanctificata surit. In Levit., t. VI, c. xxii, 14-16, P. G., t. cxiii, col. 1071-1072.

La doctrine sur l’efficacité des paroles du Seigneur s’obscurcira dans l'Église byzantine, à partir de saint Jean Damascène, sous l’influence de la polémique contre les iconoclastes. Ceux-ci se fondent sur un passage de la messe de saint Basile pour affirmer qu’il n’y a qu’une image du Sauveur qui soit adorable, à savoir, les antitypes (c’est-à-dire le sacrement) du corps et du sang du Seigneur. Pour mieux leur répondre, les théologiens orthodoxes sont amenés à dire que le changement n’est opéré qu’après que les paroles de l'épiclèse ont été prononcées. Malgré cet écart, ils restent dans la ligne traditionnelle en marquant comme terminus ad quem de l’accomplissement du sacrifice le moment même de l'épiclèse.

4° La messe et le sacrifice de la croix. - — De par l’institution divine, le sacrifice eucharistique est en relation étroite et essentielle avec le sacrifice de la croix.

A la cène, Jésus, en donnant à ses disciples son corps à manger sous l’espèce du pain et son sang à boire sous l’espèce du viii, marque par anticipation sa mort sur la croix. Il se présente comme la victime qui va être immolée pour le salut du monde, pour la rémission des péchés : Voici mon corps livré pour vous. Voici mon sang répandu pour vous pour la rémission des péchés. Il ajoute : Faites ceci en mémoire de moi, c’est-à-dire, avant tout, en mémoire de ma mort, comme l’explique saint Paul, I Cor., xi, 26 : « Chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur. » Une doctrine si claire formulée dans les livres inspirés ne saurait être absente de la tradition patristique. Les Pères grecs enseignent donc que la messe est un mémorial de la passion et de la mort du Sauveur, et non un mémorial quelconque, mais un mémorial qui reproduit d’une manière symbolique et non sanglante le drame du Calvaire.

Saint Paul ayant enseigné, par ailleurs, dans l'Épître aux Hébreux, l’unité du sacrifice de la Nouvelle Alliance, certains Pères ont la préoccupation de montrer comment cette unité est sauvegardée, malgré la répétition quotidienne du sacrifice eucharistique dans l'Église. Cette unité se fonde, d’après eux, sur l’identité de la victime et sur l’identité du prêtre principal. Il ne faut pas s’attendre à trouver la synthèse de cet enseignement chez tous les Pères et dans chacun des textes que nous allons citer. Les Pères ne parlaient pas comme des professeurs de théologie, et c’est tantôt un point de vue, tantôt un autre qui vient sous leur plume. Ce serait fausser leur pensée, et on la fausse souvent, en donnant une portée exclusive à telle ou telle de leurs expressions..

Eusèbe de Césarée dans sa Démonstration évangélique, t. I, c. x, P. G., t. xxii, col. 83-'J4, esquisse déjà une théorie générale du sacrifice, spécialement du sacrifice propitiatoire. Il y parle à plusieurs endroits du sacrifice de la messe, et le présente comme le mémorial du sacrifice offert par Jésus sur la croix. « Le Sauveur, dit-il, nous a laissé une mémoire de ce sacrifice pour que nous l’offrions continuellement en guise d’hos tie, [irrjy.riv xoà Y]ji.tv 7rapaSoùç ixvtI Oucrccç toi 0eco StTQvsxciç TTpoacpépstv. » Col. 89 B. Il ajoute : « Nous avons reçu par tradition la prescription d’accomplir sur l’autel, suivant les ordonnances de la Nouvelle Alliance, par les symboles du corps et du sang du Sauveur, la mémoire de ce grand sacrifice [du Calvaire ],

TOUTOU S-TJTOC TOÙ 6Ô(X0CTOÇ TT]V U.VYjU, 7 ; V Siri. Tpa7TÉ^7]Ç

sxteXsîv Stà aU[z66>, cov toù te acôfxaToç aÙTOÙ xal toG acoTTjpiou aïfxaTOç y.aià Œd[j.oùç tîjç xcavTJç 81a6r)X7) :  ; TCapsiAYjooTEi ; », col. 89 D ; cf. col. 92 B.

Saint Grégoire de Nazianze, Orat. n apolog., 95, P. G., t. xxxv, col. 497 B, au lieu du mot mémoire, xvi, y.r l v, emploie celui d’antitype : « Comment oser s’approcher du Dieu prêtre et victime pour lui offrir le sacrifice extérieur, antitype (c’est-à-dire figure, reproduction) des grands mystères (c’est-à-dire du sacrifice de la croix), avant de lui avoir immolé une hostie de louange, un cœur contrit et humilié, t : C>ç è'fxsAAov Gappîjaoa 7rpoacpépeiv aÙTW rr t v ëEcoŒv [ 6'jaîav], tyjv tûv jjteyâXcûV |i.uaTr ; pîa)v àvTtTU7rov ? » Le terme àvTÎtuttoç est beaucoup plus expressif et compréhensif que celui de y-vr^t] : il suggère l’idée d’une représentation, d’une reproduction, et cadre bien avec ce glaive de la parole divisant le corps et le sang du Christ dont nous a parlé plus haut l'évêque de Nazianze.

Le docteur le plus complet est encore ici saint Jean Chrysostome. Commentant l'Épître aux Hébreux, il aborde résolument la question de l’unité du sacrifice de la Nouvelle Alliance proclamée par saint Paul, unité que semble contredire la multiplicité de nos messes : « Le Christ, dit l’Apôtre, s’est offert une seule fois, et cela a suffi pour toujours… Mais quoi, est-ce que nous ne l’oflrons pas chaque jour ? Nous l’offrons, il est vrai, mais c’est en faisant mémoire de sa mort, et l’oblation est unique et non multiple. Comment est-elle unique et non multiple ? Parce qu’elle a été offerte une seule fois comme l’ancienne l'était dans le Saint des saints. L’une est la figure de l’autre, et vice versa ; car nous offrons toujours le même Jésus-Christ et non pas tantôt une brebis, tantôt une autre. Notre victime est toujours la même ; c’est pour cela que le sacrifice est unique. Parce que le Christ est offert en beaucoup d’endroits, allons-nous dire qu’il y a plusieurs Christs ? En aucune manière, mais le Christ est un partout. Ici, il est complet : là il est complet ; il n’est partout qu’un corps unique. De même donc qu’offert en plusieurs endroits, il est un seul corps et non plusieurs, de même il n’y a qu’un seul sacrifice. Notre pontife est celui-là même qui a offert la victime qui nous purifie. Cette victime oflerte alors, victime inconsumable, est celle-là même que nous oflrons maintenant. Cela se fait en mémoire de ce qui eut lieu alors : n’a-t-il pas dit : Faites ceci en mémoire de moi ? Ce n’est pas un autre sacrifice que nous faisons, à la manière du pontife de l’Ancienne Loi, mais c’est toujours le même ; ou plutôt, nous accomplissons la commémoraison du sacrifice [de la croix], 6 àp^ispeùç tjjxcov èy.eïvàç ècmv ô Tr, v xaÔocîpouaav rj^àç npoazvzyy.ôw exeîvtjV Tîpocrcpépofiev xai vûv… tï)v aÙTr)v àel 7TOioû[i.ev uâXXov Se àvà( J iv7 ; atv èpYaÇ6[xs0a Quaôaç. » Jn Hcbr.. hom. xvii, 4, P. G., t.LXIII, col. 131.

Théodoret, interprétant lui aussi l'Épître aux Hébreux, se pose la même difficulté, et la résout à peu près de même, mais il tait le rôle de prêtre principal attribué à Jésus, que son prédécesseur fait si souvent ressortir : « Si le sacerdoce de l’Ancienne Loi a pris fin et si le pontife selon l’ordre de Melchisédech a offert son sacrifice, rendant inutile d’autres victimes, pourquoi donc les prêtres de la Nouvelle Alliance célèbrent-ils la mystique liturgie ? Mais ceux qui sont instruits des choses divines savent que nous n’offrons pas un autre sacrifice, mais que nous faisons le mémo-