Page:Alfieri - De la Tyrannie.djvu/161

Cette page a été validée par deux contributeurs.

CHAPITRE DIX-SEPTIÈME.

Si le tyran peut aimer ses sujets, et comment.


De la même manière, que j’ai démontré ci-dessus, que les sujets ne peuvent aimer le tyran, parce qu’il est trop au-dessus d’eux, et parce qu’il n’y a aucune proportion entre le bien et le mal qu’ils en peuvent recevoir, il me sera facile de démontrer que le tyran ne peut aimer ses sujets. Il les regarde tellement au-dessous de lui, qu’il n’en peut recevoir aucune espèce de don volontaire, et qu’il se croit en droit de prendre tout ce qu’ils auraient la volonté de lui donner. Remarquons, en passant, que l’action d’aimer, soit d’amitié, d’amour, de bonté, ou de reconnaissance, etc., est une des affections humaines qui exigent, sinon une égalité parfaite, au moins un rapprochement, une communication et une réciprocité entre les individus. Cette définition de l’amour une fois admise, tout le monde peut juger si tous les liens peuvent exister entre le tyran et ses