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première fois. Je voulus savoir quel était le peuple qu’on appelait ainsi, et, de la sorte, j’arrivai à me rendre un compte assez exact de vos origines nationales. Simples colonies militaires sous Trajan, vous étiez devenu un peuple à part dans cet empire grec que les Barbares déchiquetaient et morcelaient à plaisir pour se tailler des royaumes et se donner des terres fixes dans ses provinces. Cette noblesse, comme celle de tous les grands peuples, est inscrite dans la langue et sur le sol.

Depuis cette époque, bien des événements se passent dans ces contrées qu’arrose le Danube. Vous voyez descendre de l’Occident ces croisés qui vont montrer à l’Orient de quelle bravoure sont capables les races du Nord ; vous voyez venir de l’Orient les Turcs qui, maîtres de Constantinople, s’avancent jusqu’à Vienne, comme pour reporter son défi à l’Europe occidentale. Enfin vous faites connaissance avec la race blonde des Slavons, qui descend du Nord pour se poser entre l’Orient et l’Occident.

Pendant que je suis tous ces mouvements de l’histoire, ma pensée se porte souvent vers les fils de ces colons qu’avait jetés en avant la grande et vénérable mère des nations. Faibles et isolés au milieu de ces grandes tourmentes, ils les laissent passer, attendant sans cesse des jours meilleurs.