Page:Alexandri - Les Doïnas, 1855.djvu/122

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le joueur de cornemuse déploie alors toutes les ressources de son éloquence, et sème son discours d’autant de métaphores et d’allégories qu’il en peut trouver.

Les parents répondent que celle qu’ils poursuivent n’est pas entrée dans leur maison. Les messagers insistent ; alors les parents font venir la bisaïeule de la jeune fille. — Est-ce là celle que vous cherchez ? — Non. — La grand’mère vient à son tour. — Peut-être est-ce celle-ci ? — Même réponse. Vient la mère. — Non, non, ce n’est pas celle-ci non plus. — Après la mère, on fait venir une servante laide, vieille et couverte de haillons. — Eh bien, c’est donc celle-ci que vous cherchez ? — Non, non, car notre biche a les cheveux blonds comme l’or et les yeux de l’épervier ; ses dents sont comme une rangée de perles, et ses lèvres vermeilles comme une cerise ; elle a la taille d’une lionne, son sein est ferme et rond, et sa gorge a la blancheur du cygne, ses doigts sont plus délicats que la cire, son visage plus radieux que le soleil et la lune.

Forcés enfin par la menace d’en venir aux armes, les parents amènent leur fille parée aussi richement que possible. On célèbre les fiançailles et la jeune fille rentre dans sa chambre qu’elle ne doit plus quitter que le jour du mariage.

Ce jour-là, si le promis habite un autre village que celui de sa fiancée, il envoie d’avance, pour annoncer sa venue, quelques hommes à cheval que les parents de la jeune fille vont attendre sur la route. Dès qu’ils les voient approcher, ils se précipitent sur eux et les emmènent prisonniers dans leur maison. Aux questions qui leur sont adressées, les prisonniers répondent qu’ils étaient les hérauts envoyés pour déclarer la guerre :