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À peine a-t-il parlé, voici soudain
Briller comme un éclair au ciel,
Voici briller, siffler, venir
Une flèche ardente… Elle frappe
Son bouclier qui vibre, résonne
Et la repousse sur le sol,
Ainsi qu’un serpent venimeux.
Derrière elle, dans le lointain,
Apparaît un nuage noir
Et plein de bruits tumultueux,
Qui, toujours vient, grandit sans cesse,
Et s’étend, couvrant de la plaine
Tout ce que l’œil peut embrasser,
Entre le Nord et l’Orient.
Sentinelle ! veille à ton poste !
Le nuage terrible avance.
Sentinelle ! parais… alerte !
Le nuage crêve… Ah ! voici,
Voici les langues ennemies ;
Voici les hordes trop cruelles
Des Gépides et des Bulgares,
Et des Lombards et des Avares.
Voici les Huns, voici les Goths ;
Ils accourent, comme un déluge,
Sur des coursiers, rapides comme des hirondelles,
Libres, ardents, sans freins, ni selles.
Coursiers agiles comme le vent…
La terre en tremble sous leurs pieds.
Ils sont nombreux comme le sable des mers !
Nombreux comme les cris du remords
Dans une conscience criminelle et sanglante,
Dans une âme livrée au péché.
En guerre le guerrier ! Frappe, combats à mort !
Deviens une foudre irrésistible,
Deviens Danube furieux,