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Le ruisseau pur ne murmurait pas dans l’herbe ;
Et dans le nid, caché dans les feuilles,
Les petits oiseaux ne chantaient pas ;
Tout l’univers visible aux yeux
Comme la mort était muet.
Et semblait être dans l’attente
Des aquilons tempêtueux.
Un aigle seul au haut du ciel
Traçait des cercles dans son vol,
Tandis que l’ombre de ses ailes
Papillonnant sur cette plaine
Voltigeait autour du héros.


— Qui donc es-tu, brave guerrier,
Dans ce désert ainsi perdu ?


— Qui je suis ?… soldat romain,
Soldat de l’empereur Trajan.


— Que cherches-tu, brave guerrier,
Tout seul ainsi dans ce désert ?


— Rome, ma mère, Rome l’antique
A mis cette arme dans ma main
Et m’a dit de sa voix puissante :
« Fils bien-aimé, toi, mon élu ;
« Toi, de tous mes enfants chéris
« Le plus puissant dans les combats,
« Va en Dacie, cours à l’instant,
« Cours anéantir les barbares,
« Et veiller sans cesse à ma garde,
« En sentinelle valeureuse.