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sous le masque


Rends-moi tes mains, rends-moi tes yeux, rends-moi tes lèvres,
Et laissons cette ardeur du mal dont nous souffrons,
Pour retrouver encor la langoureuse fièvre,
La volupté qui dort, au creux du lit profond.

Mais non, tu ne veux pas céder ; et moi, j’oublie
Les résolutions, le désir d’oublier…
Les deux chers ennemis, que le même amour lie,
Vont chercher, sans faiblir, à se faire pleurer.

Tu me déchireras avec des mots qui blessent,
Et je te ferai mal avec des souvenirs…
La cendre étouffera la flamme des caresses,
Nous verrons le bouquet délicat se ternir.

Sans arrêt, sans repos, de l’arme des paroles,
Nous frapperons tous deux, sur nos cœurs, tour à tour.
Avec les mots amers, terribles ou frivoles,
Nous aurons lapidé notre si bel amour.