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LES QUATRE FILLES DU DOCTEUR MARSCH.

tante Marsch ne sera plus ? dit Amy en replaçant lentement les bijoux dans leurs écrins.

— Elles reviendront à vous et à vos sœurs. Je le sais, Madame me l’a confié, et j’ai signé son testament, dit Esther en souriant.

— Non, non, qu’elle ne meure pas ! dit Amy. Que personne ne meure !

— Je m’imagine, dit Esther, que la petite bague de turquoises sera pour vous, lorsque vous rentrerez chez votre mère, car madame est contente de votre conduite et de vos jolies manières.

— Vous croyez ? Oh ! je serai douce comme un agneau si je puis avoir cette charmante bague. Elle est bien plus jolie que celle de Kitty Bryant. J’aime bien tante Marsch, après tout. »

Et Amy essaya la bague bleue d’un air ravi en prenant la ferme résolution de la gagner.

Elle avait été si touchée d’apprendre ainsi les bonnes intentions de sa tante, que, depuis ce jour, elle devint un modèle d’obéissance. Sa tante en attribua tout le mérite à son système d’éducation.

Esther arrangea le petit cabinet avec une petite table devant laquelle elle mit une chaise, et sur laquelle elle posa un tableau pris dans une des chambres du second étage. Elle pensait qu’il n’était pas de grande valeur, et que madame ne se fâcherait pas qu’elle l’eût déplacé pour faire un plaisir à sa nièce. C’était une très bonne copie d’une des plus célèbres madones de Raphaël, et Amy, qui avait le sentiment instinctif du beau, n’était jamais fatiguée de regarder la belle figure de la madone, tout en s’occupant de bonnes pensées. Elle posa un petit livre de prières sur la table, mit devant le tableau un vase rempli des plus jolies fleurs que lui apportait Laurie, et vint tous les jours dans la petite chambre prier