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HISTOIRE D’UNE FAMILLE AMÉRICAINE.

l’idée d’une fille qui va grandir vite, qui va devenir rapidement une demoiselle et qui n’en est pas satisfaite du tout. Élisabeth ou Beth, comme chacun l’appelait, était une petite fille entre douze et treize ans, rose et blonde, avec des yeux brillants, des manières timides, une voix douce et une expression de paix qui était rarement troublée. Son père l’appelait : « miss Paisible. » et ce nom lui convenait parfaitement, car elle semblait vivre dans un heureux monde dont elle ne sortait que pour voir les quelques personnes qu’elle aimait et ne craignait pas. Amy, quoique la plus jeune, était, à son avis du moins, une personne importante : c’était une fillette aux traits réguliers, au teint de neige, avec des yeux bleus et des cheveux blonds bouclés tombant sur ses épaules ; elle était pâle et mince et faisait tous ses efforts pour être une jeune fille distinguée.

Quant aux caractères des quatre sœurs, nous laissons aux lecteurs le soin d’en juger.

La pendule sonna six heures, et Beth, ayant balayé le devant de la cheminée, mit à chauffer devant la flamme une paire de pantoufles.

D’une façon ou d’une autre, la vue des pantoufles eut un bon effet sur les jeunes filles ; leur mère allait rentrer, et chacune d’elles s’apprêta à la bien recevoir. Meg cessa de gronder et alluma la lampe, Amy sortit du fauteuil sans qu’on le lui eût demandé, et Jo oublia combien elle était fatiguée en relayant Beth dans le soin qu’elle prenait de tenir le plus près possible du feu les pantoufles qui attendaient leur mère.

« Elles sont complètement usées, ces pantoufles, il faut que maman en achète une nouvelle paire, dit Jo.

— J’avais pensé que je lui en achèterais une avec mon dollar…, dit Beth.