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ROSE ET PHŒBÉ.

— Je crois bien ! s’écria Rose. J’ai passé un an en pension et j’ai eu des leçons à n’en plus finir. Plus j’en apprenais, plus on m’en donnait. J’en avais la tête cassée. Mon pauvre papa ne ressemblait guère à ma maîtresse de pension ! Avec lui, je n’étais jamais fatiguée d’étudier… Ah ! nous étions bien heureux ensemble, nous nous aimions tant !… »

Les larmes, qui n’avaient pas voulu couler un quart d’heure avant dans le grand salon, jaillirent de ses yeux et roulèrent en abondance le long de ses joues pâles.

Phœbé cessa d’écosser ses haricots pour la regarder avec sympathie. Tout sentiment d’envie disparut chez elle quand elle vit que la jolie robe de Rose cachait un cœur désolé, et que son tablier brodé avait déjà essuyé plus d’une larme, et, si elle l’eût osé, elle serait allée consoler et embrasser la pauvre affligée.

« Je suis toute seule au monde, fit Rose entre deux sanglots.

— Vous n’êtes pas toute seule, lui dit timidement Phœbé. Vous avez je ne sais combien de tantes, d’oncles et de cousins. Debby, la cuisinière, m’a déjà dit qu’on allait vous gâter « d’une façon abominable, » parce que vous êtes l’unique fille de la famille. J’aimerais bien être gâtée comme cela. »

Rose sourit malgré ses larmes et s’écria d’un ton de détresse comique :

« Hélas ! oui, j’ai six tantes, et c’est là un de mes chagrins. Pensez donc, six tantes ! Je puis à peine les