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PROLOGUE.

sonnes confiantes. Étrangers aux arts par leur tempérament, ils ne craignent pas, dans leur appétit désordonné de singularité, de nier des règles qu’ils ignorent et de préconiser de folles théories. Ils ébranlent la foi des naïfs. Ils prêtent un appui coupable aux paresseux, aux ignorants, aux fous, trois catégories d’hommes d’un excessif orgueil.

Mais la critique savante, celle qui, laissant les méthodes aux praticiens, élève le niveau de l’art à la hauteur des études philosophiques, c’est, avec toute la critique d’ailleurs, l’honneur et la conquête de notre époque.

Le criticisme qui prend la mesure de l’intellect humain avant d’admettre une seule de ses opérations a, sur les ruines d’un dogmatisme scolastique, élevé de nos jours une solide maison. Quelle soit historique, philologique, littéraire ou artistique, la critique a pour mission de discerner le vrai du faux, et pour devoir de s’informer avant de conclure.

Le sens critique était chez les anciens d’une faiblesse extrême ; nul pendant le moyen âge, il renaît avec l’érudition. Ainsi, Lactance croit aux livres sibyllins, malgré les traces évidentes de contemporanéité. Il croit à l’antiquité des livres d’Hermès. Au seuil de la Renaissance, Marcile Ficin y