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LE DEVOIR DU FILS

instant. Mlle Faucheux revint vers Gilbert. — Ta vieille tante te soignera, mon petit… comme autrefois.. Nous nous croirons revenus à ce temps-là ! Hélas ! Clotilde n’est plus entre nous !… C’est Charlotte qui occupe sa chambre. Charlotte, tu sais ? Tu l’as rencontrée dans le jardin. Elle est venue, toute troublée, me raconter sa peur, pour me laisser deviner ton retour. Tu verras, ce n’est pas une étrangère, mais la petite-fille de ma meilleure amie de jeunesse. Il y a cinq mois qu’elle est entrée ici… Une fille n’aurait pas pour moi des prévenances plus délicates, plus affectueuses…

— Tant mieux, ma tante ! fit Gilbert, ennuyé de la diversion qui faisait dévier la pensée de Mlle Isabelle.

Mais Marine entrait familièrement, les deux poings aux hanches :

— Ah çà ! mademoiselle, parce que vous vivez comme un pur-esprit. vous croyez. que tout le monde est de même ? M. Gilbert doit mourir de faim, après un si grand voyage… — Mon Dieu ! c’est vrai ! s’exclama Mlle Faucheux, consternée. Mon pauvre ami, je radote sans songer à ta fatigue… Demande à Marine ce que tu voudras. Elle sait ce qu’il y a dans le garde-manger. — Pas grand’chose, pour sûr ! Du lait, des œufs, et du lard dans le charnier ! Et pas un poulet gras dans la basse-cour !… Et le boucher ne passe que demain !… Heureusement, Mlle Charlotte est là, toute prête à aller quérir une volaille au moulin, si vous le désirez… — Ne vous tourmentez pas ainsi, Marine, prononça Gilbert… Je serais désolé que… — Tais-toi, et laisse-nous faire ! dit vivement la grand’tante. Nous autres, femmes, nous pouvons, à l’ordinaire, nous contenter de choses frugales… Mais un homme, jeune comme toi, possède un appétit plus exigeant.

Toute la maisonnée fut bientôt en l’air. Des conciliabules infiniment sérieux s’engagèrent traitant de questions capitales : Bagages à retirer