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NOTE

Le mieux, en cette question non assez élucidée, est d’accumuler des exemples très simples. Une montre ressemble à un voltmètre, mais ne lui est nullement analogue. Un voltmètre est analogue à un électro-aimant, mais n’y ressemble pas ; un thermomètre ressemble à un baromètre sans aucune analogie. Un baromètre à cadran ressemble à une horloge, sans aucune analogie ; au contraire, un baromètre à cadran est analogue à un baromètre à mercure, sans ressemblance. La conclusion de tous ces exemples est que l’analogie est, dans l’ordre de l’entendement, bien au-dessus de la ressemblance. Et Aristote l’a bien définie comme une identité de rapports ; par exemple il y a le même rapport entre un homme de bronze et un homme qu’entre un cheval de bronze et un cheval. Même rapport entre un portrait d’homme et l’homme qu’entre un portrait et l’objet représenté. Une gravure ne ressemble pas à une autre gravure mais lui est analogue. Et l’analyse se fonde sur le langage et sur le bon usage des mots. La doctrine ne prend de la portée que dans les mathématiques qui peuvent passer pour un système d’analogies. Il est donc vrai que l’analogie est une méthode de grande valeur dans les sciences, mais il faut bien l’entendre ; en cela consiste toute la difficulté. Par exemple c’est une erreur de considérer l’analogie comme une ressemblance imparfaite. La ressemblance n’a pas de valeur dans les sciences.

CHAPITRE VIII

DU CONCEPT

On ne peut éviter de traiter ici la question des genres, qui a tant divisé les écoles. Il suffit d’examiner les pen-