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ABIGAÏL.

« Il faut que l’un ou l’autre de nous renonce à cette lutte, monsieur Harley, dit enfin la duchesse d’une voix ferme.

— Ce n’est pas moi qui essayerai de conseiller Votre Grâce, répliqua-t-il, mais je dois lui avouer que je ne compte nullement me retirer.

— Alors, je sais ce qui me reste à faire ! ajouta la duchesse.

— Je présume qu’il n’y a aucun espoir d’alliance ? fit le secrétaire royal de sa voix la plus mielleuse,

— Une alliance avec vous ? jamais ! » s’écria dédaigneusement la duchesse.

En ce moment Abigaïl reparut.

« Je souhaite le bonsoir à Votre Grâce, dit cérémonieusement Harley.

— Bonsoir, monsieur, répliqua la duchesse ; j’aviserai à ce que ce soit la dernière fois qu’on vous voie en ces lieux.

— Ne prenez nul souci de ces paroles, dit Abigaïl dès qu’ils eurent quitté l’appartement, la reine est tout autant votre amie que par le passé ; suivez aveuglément mes injonctions touchant M. Masham, et vous aurez une seconde audience aussitôt que vous la désirerez. »


X


Masham provoque le marquis de Guiscard dans le café de Saint-James. Le duel.


Abigaïl avait fait sur Masham une impression plus profonde qu’il ne voulait se l’avouer à lui-même. Le jeune homme ne pouvait résister au charme de cette séduction que des caprices fréquents augmentaient encore. Une longue promenade dans le parc n’ayant pu distraire Masham, il s’en alla au café de Saint-James, où il trouva le comte de Sunderland causant avec uu gentilhomme fort bien fait et à l’air remarquablement intelligent, qu’il connaissait très-bien pour se nommer M. Arthur Maynwaring.

Ce gentilhomme était issu d’une branche d’une très-ancienne