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ABIGAÏL.

de chapelain fût déjà donnée, car alors nous irions chez M. Saint-John. »

Angelica témoignait par ses regards qu’elle était du même avis que sa mère, lorsque l’huissier vint annoncer aux trois personnes qu’il était prêt à lea conduire près de son maître.


IX


Influence de la duchesse de Marlborough sur la reine.


Sir Harley et miss Abigaïl Hill ne s’étaient point revus depuis le bal.

Le même jour où viennent de se passer les différents incidents rapportés dans le chapitre qui précède, le secrétaire royal, enveloppé dans une houppelande, longeait, vers les onze heures du soir, le mur du jardin du palais, du côté du parc de Saint-James ; il s’avança ainsi jusqu’à l’endroit où s’ouvrait la petite porte du parc. À peine eut-il atteint cette ouverture, que la grille fut entre-bâillée, sans doute par Abigaïl ; mais la nuit était trop sombre pour qu’on pût rien distinguer clairement. Sir Harley se trouva introduit dans le jardin sans savoir par qui.

Celle qui lui servait de guide ne prononça pas une parole, mais elle prit à la hâte une allée qui aboutissait au palais, et, tandis que le secrétaire la suivait d’un pas pressé, elle franchit une porte ; lorsque le cavalier fut entré à son tour, elle la forma et poussa le verrou sans bruit. Traversant ensuite un corridor, elle monta un escalier aboutissant à une chambre où il y avait de la lumière.

« Je suis presque épouvantée de ce que j’ai osé faire, dit Abigaïl en se laissant tomber sur une chaise ; car, quoique je sache bien que c’est un service que je rends à la reine, cependant une entrevue clandestine, surtout à une heure si avancée, me paraît fort compromettante.

— Vous n’avez aucun motif d’être effrayée, répondit Harley en se débarrassant de sa houppelande sous laquelle il était revêtu d’un grand habit de magnifique velours bleu. Si quel-