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ABIGAÏL.


VIII


Le lever de Son Excellence le secrétaire d’État.


Le marquis de Guiscard croyait être reçu sur-le-champ, et cependant il fut introduit dans une antichambre, où plusieurs personnes attendaient comme lui une audience du secrétaire.

Il s’y trouvait entre autres trois individus dont les visages lui étaient familiers, car il les avait remarqués parmi la foule des curieux dans Saint-James’s-Street le jour de la réception de la reine, précisément un instant avant son infructueuse tentative contre miss Abigaïl Hill.

Ces personnes étaient le ministre Hyde, sa femme et sa fille.

La fraîcheur et la beauté d’Angelica avaient bien attiré l’attention de Guiscard dès la première vue, mais il était alors trop occupé de son projet pour songer à elle. À cette heure qu’elle s’offrait à ses yeux sous d’autres auspices, il s’étonna de ne pas avoir été frappé davantage par ses attraits enchanteurs.

Angelica était modestement vêtue ; cette toilette simple la faisait paraître à son avantage. Placé sur le haut de la tête, un chapeau à forme plate et à larges bords ombrageait son visage et suffisait pour donner un cachet tout particulier à la beauté des nombreuses boucles de cheveux châtains qui retombaient sur ses épaules. Sous une jupe de calicot blanc relevée de côté, paraissait un jupon de soie écarlate ; le corsage était de la même couleur que le jupon, et le tablier en mousseline blanche ; de longues mitaines de soie blanche qui montaient jusqu’au coude, des souliers à hauts talons qui encerclaient à ravir son petit pied, complétaient cet ajustement du meilleur goût.

La mère de la jeune fille, qui, ainsi que cela a déjà été dit, n’avait pas encore perdu ses grâces, portait une robe de soie noire un peu fanée, une écharpe garnie de falbalas, des manchettes, un capuchon moucheté et des sabots lacés.

Le ministre Hyde causait avec un collègue, dont le rang dans