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ABIGAÏL.

Le voilà vaincu ! c’est vraiment fatal !
Mais pourquoi tirer la botte
Du grand Marlborough ?… car à ce général
Est bien hardi qui se frotte !
Frotte, frotte, frotte
La botte
Du grand général !

De Marlborough la botte en cuir épais
Est un chef-d’œuvre ; en somme,
Elle a souvent à messieurs les Français
Fait faire un mauvais somme.
Malheur à l’Anglais félon, déloyal,
Qui médit de cette botte !
Le grand Mariborough est notre général,
Et malheur à qui s’y frotte !
Frotte, frotte, frotte
La botte
Du grand général !

Oui ! dans l’Europe on parlera longtemps
De cette illustre gloire !
De cette botte à nos petits-enfants
Transmettons la mémoire !
Plein d’orgueil, un jour, l’homme impartial
Tout haut dira : « Quelle botte !
La botte du duc, notre grand général
Contre qui nul ne se frotte ! »
Frotte, frotte, frotte
La botte
Du grand général !

« Frottez, frottez donc ! huria Proddy, qui, dans son enthousiasme, cassa sa pipe.

— Le diable m’emportel s’écria le sergent ; je ne sais comment cela se fait, mais le souvenir des bontés du duc me fait toujours venir les larmes aux yeux. Je voudrais que vous puissiez le voir lorsqu’il visite les blessés, comme je l’ai vu maintes fois ; il prend autant soin des ennemis que de ses hommes à lui. Ah ! si vous le rencontriez aussi faisant ses rondes de nuit dans le camp, il est aussi familier, aussi… » Au moment où Scales prononçait ce dernier mot, un personnage de haute taille parut à la porte. Proddy ne put retenir un mouvement de confusion, et se hâta de se laisser glisser en bas du caisson.