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ABIGAÏL.

chanter une chanson que j’ai composée moi-même sur la botte de mon illustre général, » dit le sergent, qui entonna aussitôt les couplets suivants, dont il accompagnait le refrain en gesticulant en mesure avec sa brosse.


LA BOTTE DE MARLBOROUGH.


Boufflers, Villars, Villeroi, puis Tallard,
Grands maréchaux de France,
Ont de leur roi déployé l’étendard,
Pour prendre sa défense :
Ces quatre flandrins, d’un air jovial
Se sont dit : « Tirons la botte
Du grand Marlborough !… » Mais à ce général
Est bien hardi qui se frotte…
Frotte, frotte, frotte
La botte
Du grand général !

Les deux premiers des maréchaux français
Entrèrent en campagne :
Mais contre eux deux se tourna la succès !
Voilà ce que l’on gagne
À vouloir ainsi se montrer brutal,
Et prendre au talon la botte,
Du grand Marlborough !… car à çe général
Est bien hardi qui se frotte !
Frotte, frotte, frotte
La botte
Du grand général !

Voici Tallard, ayant pour boucliers
Les troupes des Bavières ;
Tous deux bientôt, dans leurs petits souliers,
Ont fui sur leurs derrières…
À Shlemberg, Blenheim… Aussi c’est fort mal
De vouloir tirer Ja botte
Du grand Marlborough !… car à ce général
Est bien hardi qui se frotte !
Frotte, frotte, frotte
La botte
Du grand général !

Villeroi pris pour un nouvel Hector,
Et s’estimant de même,
Vint les venger… mais, dès le prime abord,
Il changea de système,