— Il y a, je vous assure, quelques explications à vous donner, et je suis sùr que miss Hill s’en chargera.
— Vous prenez une peine inutile, monsieur, reprit froidement Masham, j’ai reçu toutes les explications que je désirais.
— Et moi je n’en ai point à donner, riposta Abigaïl en feignant l’indifférence.
— Vous êtes habile, monsieur le secrétaire, dit la duchesse en riant, et il faut avouer que vous êtes expéditif à mettre les gens d’accord.
— Peut-être réussirai-je mieux, interrompit la reine avec bonté.
— Non, vraiment, Majesté s’écria Abigaïl ; je commence, après tout, à croire que j’ai eu tort au sujet du marquis de Guiscard.
— Elle cède ! dit la duchesse bas au marquis.
— Non, répliqua-t-il de même ; elle a dit cela uniquement pour mortifier Masham.
— Qu’importe, si vous atteignez votre but ? repartit la duchesse. Abordez-la hardiment ; si vous irritez Masham de façon à ce que la réconciliation soit impossible, tout ira bien.
— Voici ma main en témoignage de pardon, dit Abigaïl à Guiscard.
— Vous avez lort, cousine, murmura Harley, et vous vous repentirez de ce que vous faites.
— Non, certes, » lui dit-elle sur le même ton.
Cette conversation aparté fut interrompue par le marquis, qui s’approcha des deux interlocuteurs. Il prit la main d’Abigaïl et la porta respectueusement à ses lèvres.
« Vous aviez raison, c’est une coquette, dit Masham à Sunderland, assez haut pour être entendu.
— Vous le voyez vous-même, ce n’est pas difficile à découvrir, lui répondit le comte. | — Maintenant que je tiens votre main, mis Hill, me permettez-vous de la garder pour la danse ? fit le marquis.
— Oui ! si Sa Majesté le permet, dit Abigaïl d’un air indécis.
— Vous voyez, madame, que la jeune personne consent, dit Guiscard à la reine. Je me flatte, par conséquent, que vous me ferez la grâce de lever votre interdiction.
— Abigaïl est libre, » répliqua Anne ; et elle ajouta à voix