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ABIGAÏL.

— Assez pour pouvoir seconder les desseins de Votre Grâce, répondit Sunderland.

— Occupez-vous de le chercher, et amenez-le à diner ici, fit la duchesse.

— Vous oubliez le bal qui a lieu ce soir chez la Reine ? fit le duc.

— Pas le moins du monde, répliqua la duchesse. Je serais fort obligée à Votre Grâce si elle voulait bien adresser, sans délai, une invitation au marquis de Guiscard. Je vous expliquerai mon plan tout à l’heure. Sunderland, je compte sur vous.

— Vos ordres seront exécutés, madame, si cela est en mon pouvoir, répliqua le comte, qui, de même que tous les membres de la famille de la duchesse, était habitué à lui obéir aveuglément. Je crois avoir entendu dire que Masham était allé avec Harley et plusieurs autres au Cocotier, et je vais directement l’aller chercher là. »


IV


Le bal du palais et ce qui s’y passa.


Le bal qui eut lieu dans le palais, quoique moins nombreux que la réception du mâtin, fut néanmoins une fête brillante. À côté de la salle de danse, se trouvait une petite pièce tendue de soie vérte brochée, et que l’on appelait Ja chambre verte À cause de cette décoration. À la lueur des bougies, dont l’éclat était tempéré par des abat-jours, on pouvait apercevoir une très-belle femme assise dans un fauteuil. Cette femme était vêtue d’une robe de velours violet, de la nuance particulièrement adoptée pour les habits royaux. Son cou, d’une délicatesse extrême, ne perdait rien au contact d’un double rang de perles admirables dont il était entouré. Le collier de Saint-Georgés brillait : sur ses épaules potelées ; son corsage, décolleté selon la mode du temps, faisait ressortir la beauté parfaite de son buste. Ce corsage était garni d’une dentelle de point fort