Page:Ainsworth - Abigail ou la Cour de la Reine Anne (1859).pdf/372

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
366
ABIGAÏL.

— Vous nous arrêtez ! s’écria Bimbelot au comble de la frayeur. Oh ! mon Dieu, et pour quelle raison ?

— Vous êtes accusés d’avoir entretenu une correspondance révolutionnaire avec la France, répliqua l’agent. Allons, marchez. Nous avons là dehors une voiture, car on nous a dit chez vous que vous étiez ici.

— Ma pauvre femme ! s’écria Bimbelot ; que va-t-elle devenir si on m’emmène en prison ?

— Ne vous inquiétez pas d’elle, j’en aurai soin, fit Parker.

— Voici deux personnes qui sont ses parents et qui désirent la voir. Nous les avons amenés avec nous, ajouta l’agent.

— Sally, s’écria la vieille dame qui s’élança au-devant de la jeune femme, ne me reconnaissez-vous point ? ne reconnaissez-vous point votre pauvre père au désespoir ?

— Eh quoi ! mère, c’est vous ? s’écria Mme Bimbelot. En vérité, voici qui est étrange !

— J’avais bonne envie de vous traiter sévèrement, g’écria mistress Hyde qui l’embrassa en pleurant ; mais je ne le puis.

— Allons, marchez ! dit l’agent en s’emparant de Bimbelot ; nous ne saurions attendre plus longtemps.

— Fort bien, je vous suivrai, répondit Bimbelot, mais vous allez vous faire une mauvaise affaire ; M. Harley prendra mon parti.

— Bah c’est par l’ordre de M. Harley que nous vous arrétons, reprit l’agent qui éclata d’un rire grossier.

— Oh ! ciel ! mais alors nous sommes perdus, dit Bimbelot en gémissant. Nous serons pendus comme ce pauvre Grey.

— C’est probable, répondit l’agent. Voyons, partons, » fit-il en entratnant Bimbelot, tandis que son compagnon emmenait Sauvageon.

Pendant la scène que nous venons de décrire, Angelica tombait aux pieds de son père et implorait son pardon les larmes aux yeux.

« Je vous pardonnerai, mon enfant, lui dit celui-ci, et je vous accorderai ma bénédiction à une condition, c’est que vous partirez avec nous sur-le-champ ; le coche d’Essex quitte l’hôtel de Georges Shoreditch à trois heures du matin ; voulez-vous nous suivre votre mère et moi ?

— Très-volontiers, mon père, dit la jeune femme en se rele-