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ABIGAÏL.

ment, évitant avec soin de faire aucune allusion à ses récents succès ; elle lui dit même avec quelque dureté :

« Je me flatte que Votre Grâce ne permettra pas qu’on fasse au parlement la motion de lui voter des remerciments cette année, car très-certainement mes ministres s’y opposeraient.

— Je suis affligé d’entendre Votre Majesté s’exprimer en ces termes, répondit Mariborough : je n’ai jamais recherché ces honneurs, que je reconnais n’avoir pas mérités, et, si je les ai jamais acceptés, c’est que j’ai cru qu’en me les rendant on honorait Votre Majesté. Du reste, madame, je m’y soustrairai à l’avenir.

— Et vous ferez bien, milord, ajouta Anne.

— J’ai apporté une lettre de la duchesse, qu’elle m’a supplié de présenter à Votre Majesté, poursuivit le duc ; daignerez-vous la recevoir ?

— Je vous prie de m’excuser, répondit Anne avec une dignité glaciale ; il n’y a plusde relation possible entre la duchesse et moi.

— C’est une lettre, madame, répliqua le duc, qui contient de très-humbles excuses. Sa Grâce désire vous donner de sa propre main l’assurance de son repentir pour les torts dont elle a pu se rendre coupable. Elle est prête à faire tout ce qui est raisonnablement en son pouvoir pour prouver la sincérité de ses regrets ; et, puisque sa présence est devenue désagréable à Votre Majesté, elle désire lui offrir la démission de ses charges.

— Je suis charmée de l’apprendre, milord, interrompit vivement la reine.

— À la condition, comme de juste, continua le duc, qu’elle sera remplacée dans ses fonctions de grande maîtresse de la garde-robe par sa fille aînée lady Ryalton, et comme gardienne des fonds particuliers par lady Sunderland. La duchesse conserverait volontiers, avec votre gracieuse permission, la surintendance des parcs royaux et ses appointements de gardienne des fonds de Votre Majesté.

— J’accède à la dernière proposition, répliqua la reine ; la duchesse conservera la surintendance des parcs et les appointements y annexés, ce qui lui fera trois mille cinq cents livres sterling par an ; quant aux autres charges, je les réserve à mes amies.