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ABIGAÏL.

coups de plat de sabre, la foule se dispersa sans plus de résistance.

Sans plus tarder, on éparpilla le feu à l’aide de fourches, et l’on jeta les bois enflammés dans le fossé, afin de déblayer le passage pour la troupe.

Dès que ce travail fut terminé, le capitaine Horsey fit appeler le sergent, et, le complimentant sur sa bravoure, il le remercia du service qu’il avait rendu à la reine. Il aurait voulu agir de même envers Proddy ; mais le cocher s’était hâté de se retirer dans une taverne voisine, pour se débarrasser de ses vêtements fangeux, et prévenir à l’aide d’un bon verre d’eau-de-vie les fâcheux effets du plongeon qu’il avait fait. Scales se chargea donc de transmettre à son ami les louanges méritées qui lui étaient destinées.

On conduisit les prisonniers à Newgate, la geôle la plus sûre du quartier, après quoi le capitaine Horsey et ses soldats se mirent en marche pour regagner Whitehall.


VIII


Jugement rendu contre la docteur Sacheverell. Conséquences de cet arrêt.


Le lendemain matin, les troupes royales stationnèrent à Saint-Jaines et à Whitehall, tandis que les milices bourgeoises restèrent sous les armes auprès de Westminster. On plaça çà et là des détachements de la troupe de ligne, et la chambre des Communes ayant présenté à la reine une adresse dans le but de demander qu’on prit des mesures efficaces pour éviter de nouveaux tumultes, on publia à cet effet une proclamation, par laquelle on promettait une récompense à ceux qui dévoileraient le nom des perturbateurs et des instigateurs des troubles.

Ces mesures vigoureuses forcèrent Sacheverell à renoncer à son char de triomphe ; il se contenta d’une simple chaise à porteurs dans laquelle il se transportait journellement à Westminster-Hall, presque incognito et sans cortége.