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ABIGAÏL.

tout le clergéi-Je demande, milords, que l’honorable orateur s’explique.

— Oui ! oui ! éxpliquez-vous, s’écrièrent plusieurs voix sur les bancs des lords.

— Qu’avez-vous prétendu dire, monsieur, par l’expression dont vous vous êtes servi ? demanda le chancelier.

— Rien, milord, répliqua M. Dolben ; c’est seulement par inadvertance que j’ai prononcé ces mots. J’aurais dû dire ce faux frère, car je ne faisais allusion qu’au prisonnier qui est à la barre.

— L’explication est à peine satisfaisante, répliqua lord Haversbam, et j’exhorte l’honorable otateur à être plus circonspect à l’avenir. De paréils écarts de langage sont impardonnables. »

Quelque léger que fût cet incident, les partisans de Sacheverell surent le fäire tourner à leur avantage. On prétendit que l’orateur avait trahi, par ces paroles, l’intention du parti, d’attaquer l’Église entière en la personne du docteur.

Lorsque M. Dolben eut terminé son discours, la tour leva la séance, et le docteur fut reconduit chez lui au milieu d’un cortége tout à fait triomphal.


VI


La populace détruit les Meeting-Houses.

À la tombée de la nuit, les paisibles habitants de Lincoln’s-Inn-Fields furent terrifiés par l’apparition de plusieurs centaines de personnes armées de bâtons, de mousquets et d’épées, et conduites par trois hommes de haute taille, dont le visage était barbouillé de suie. Cette populace, après avoir paradé sur le square pendant plus d’un quart d’heure, comme pour attendre des recrues, s’arrêta près d’une lanterne, et le plus grand des trois hommes grimpa sur une borne pour adresser quelques mots à la foule.

À peine avait-il fini son discours que des cris s’élevèrent de toutes parts.