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ABIGAÏL.

thématiser ceux qui se font un droit de cette tolérance. Le troisième point de son discours tend à prouver que l’Église d’Angleterre, sous la présente administration, souffre et est en grand péril, malgré le vote récent qui a établi l’opinion contraire. Le quatrième et principal article est que le gouvernement de Votre Majesté, dans les affaires civiles aussi bien que dans les affaires ecclésiastiques, tend à détruire la constitution ; qu’il y a dans l’État et dans l’Église des membres exaltés, qui sont de faux frères, et qui travaillent à affaiblir, à trahir, à anéantir l’ordre établi. Le trésorier lui-même, désigné sous le nom de Velpone, doit être exposé à la censure la plus acerbe de notre rigide docteur. Voilà en peu de mots le sommaire de la teneur de ce discours, qui se termine par les exhortations les plus véhémentes adressées aux vrais soutiens de l’Église, et en leur enjoignant de voler à son secours. Votre Majesté daignera convenir, comme moi, que le succès n’est pas douteux.

— Cette mesure me paraît dangereuse, observa la reine. Mais je suis convaincue que vous avez mûrement réfléchi, et je ne veux m’opposer à rien. Cela peut nous mener au but que je désire le plus au monde, quoique je n’ose pas en glisser un mot à d’autres qu’à vous et à Abigaïl, c’est-à-dire à la restauration de la dynastie de mon père.

— C’est aussi mon avis, madame, » répondit Harley, avec autant d’assurance que s’il était réellement persuadé de ce qu’il avançait.


II


Le docteur Sacheverell prêche dans l’église de Saint-Paul, et est arrêté à l’issue du sermon.


Le 5 novembre 1709, le docteur Sacheverell prêcha son sermon à Saint-Paul, comme cela avait été décidé entre lui et Harley, en présence du lord-maire, sir Samuel Garrard, et de tous les aldermen.