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ABIGAÏL.

Le triomphe de la duchesse était complet. Elle jeta les yeux sur le palais et s’imagina apercevoir la reine à l’une des fenétres de l’étage supérieur. L’orgueilleuse femme se réjouissait de ce que Anne avait été ainsi attirée par les clameurs retentissantes de cette immense multitude.

La voiture ainsi traînée, traversa Saint-James-Street, Piccadilly, et parvint enfin en haut de l’escalier de Whitehall. Le duc prit alors congé de la duchesse et s’élança dans son canot au milieu des acclamations du peuple, qui se trouvaient couvertes, à différents intervalles, par les détonations de l’artillerie.


XII


La duchesse s’oppose au mariage d’Abigaïl : conséquences de cette opposition.


À sept heures du soir, le même jour, un certain nombre de personnes d’un rang illustre se réunissaient dans l’appartement du docteur Arbuthnot au palais de Saint-James. Il y avait en première ligne la reine et son époux, puis Masham, Abigaïl, Harley et le docteur Francis Atterbury, doyen de Carlisle.

Nous aurons sans doute dans la suite occasion de parler plus longuement de ce dernier personnage qui, plus tard, devint évêque de Rochester, comme aussi de son ami, le savant et spirituel docteur Arbuthnot.

Il est inutile d’ajouter que cette réunion avait pour but l’accomplissement des vœux les plus chers de Masham, c’est-à-dire la célébration de son mariage avec Abigaïl.

Le docteur Atterbury allait commencer la cérémonie, lorsque, à la surprise et à la consternation de tous les assistants (excepté de Harley peut-être), la porte s’ouvrit et la duchesse de Marlborough se présenta, suivie de Guiscard.

« J’arrive à temps ! s’écria-t-elle en regardant de tous côtés avec un sourire de triomphe. On a cru me tromper ; mais je suis informée de tout ce qui se passe, et me voici.