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ABIGAÏL.

— Il ne lui en arrivera jamais, » s’écria Parker. À l’instant où Parker prononçait ces mots, on annonça le souper servi dans l’office, et les deux Français ne se firent pas trop presser pour y prendre part.

Bimbelot s’arrangea de façon à se placer à côté de mistress Tipping, et Proddy remarqua qu’il avançait de plus en plus dans ses bonnes grâces. La colère lui ôta bientôt l’appétit, et, en dépit des sarcasmes de Brumby et de Fisbhwick, il lui fut impossible de boire et de manger.

Enfin, l’heure du départ sonna, le cocher dit adieu d’un air boudeur aux deux coquettes, et, comme il remarqua que Bimbelot ne sortait pas en même lemps que Sauvageon, il rentra pour savoir ce qu’il faisait.

En traversant le corridor qui aboutissait à la cuisine, il aperçut le Français qui se glissait dans une crédence. Sans ouvrir la bouche et sans prononcer une parole, Proddy se hâta de fermer la porte de cette crédence. Il mit la clef dans sa poche, et se réjouissant en secret de son espièglerie, il quitta prestement Marlborough-House.


X


La reine fixe le jour du mariage de Masham avec Abigaïl.


Sa Majesté Anne et son royal époux se trouvaient seuls dans la bibliothèque du château de Saint-James, au moment où un huissier annonça que le duc de Marlborough et le lord trésorier lui demandaient audience.

« Qu’ils entrent, répondit la reine ; ils ont probablement quelque nouvelle demande à me faire, ajouta-t-elle en s’adressant au prince.

— Je ne crois pas cela, répliqua celui-ci : ils viennent probablement nous dire que le chevalier de Saint-Georges a débarqué en Écosse, ou peut-être encore qu’on s’est emparé de lui.

— Dieu nous en préserve ! » s’écria la reine à la hâte.