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ABIGAÏL.

— Oh ! je ne crains pas cela, répliqua la duchesse avec un air d’assurance. Consentez-vous à remettre vos intérêts entre mes mains ?

— De tout mon cœur, et les yeux fermés, répondit le marquis.

— Bien ! cela suffit, ft-elle. Maintenant, je retourne au bal. Ne me suivez pas, je ne voudrais pas qu’on nous vit ensemble. »

Tout en parlant ainsi, l’épouse de Mariborough sortit du cabinet.

Au moment où Guiscard se disposait à en faire autant, il fut surpris par l’entrée subite de Harley.

« Un mot, marquis, lui dit ce dernier.

— Plusieurs, si vous le voulez, monsieur Harley, répondit Guiscard en saluant.

— Pour aborder franchement la question, reprit Harley, je vous avoue que j’ai entendu votre dialogue avec la duchusse.

— Alors, vous avez appris que je puis encore me flatter de l’espoir de devenir votre parent par alliance, ajouta effrontément Guiscard.

— Un peu de cslme et de réflexion vous convaincront de l’impossibilité d’exécuter un pareil projet, fit Harley ; et d’ailleurs, la duchesse ne vous a promis aucune récompense.

— Oh ! pardonnez-moi, monsieur Harley, interrompit Guiscard ; elle m’a offert la plus magnifique récompense qui soit au moude, en me promettant Abigaïl. Je vous défie de renchérir. Mais cependant, comme je suis un homme raisonnable, disposé à se laisser convaincre, dites-moi ce que vous m’offrez à la place.

— Je vous délivrerai du danger que vous courez ; car, pour vous faire arrêter en quittant cette chambre, il me suffirait d’aller apprendre au duc de Marlborough que vous avez stipendié deux de vos domestiques pour attaquer un sergent à qui il avait confié d’importantes dépêches. Que je lui dise cela, et que je le lui prouve, ce qui m’est facile, je vous réponds que nous ne courrons plus aucun risque d’être troublés par votre apparition au mariage.

— L’accusation est fausse ! s’écria Guiscard, qui devint pâle malgré lui.