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ABIGAÏL.

— Adieu, monsieur Saint-Jobn, dit Angélica avec dépit ; je me flatte que vous vous amuserez à la campagne.

— Adieu, ma petite, répliqua-t-il ; je compte à mon retour vous trouver plus belle que jamais. Croyez-moi ! prenez un nouvel amant pour chaque mois que durera mon absence. »

En ce moment on annonça que la chaise était prête, et Guiscard, offrant la main à Angélica, quitta le salon en sa compagnie.

« Je vous félicite, Saint-John, d’être débarrassé d’une terrible peste, s’écria Prior en riant.

— Le marquis s’est chargé d’un vrai fardeau, reprit l’autre ; il n’avait pas besoin d’elle pour achever de se ruiner, mais elle hâtera son saut de Leucade.

— Allons, il faut que je m’en aille aussi, dit Prior. Je ne me représente pas bien votre existence dans la solitude : mais vous nous reviendrez dès que Harley sera revenu au pouvoir.

— Bah ! s’écria Saint-John… sans Harley, je pourrais rester… car c’est lui qui me gêne… Si jamais je reparais..… mais n’importe ; adieu ! adieu ! »

Prior serra affectueusement la main de son ami, et sortit en se disant :

« Puissé-je vivre assez longtemps pour voir une lutte grandiose entre Saint-John et Harley ! »


VIII


Désintéressement de l’amour de Masham pour Abigaïl Hill.

Le lendemain du jour où Masham avait si habilement mystifié la duchesse, la reine et le prince causaient le matin dans la bibliothèque du palais.

« Eh bien ! prince, dit Anne à son mari, quoi que vous disiez au sujet de l’attachement dévoué de votre écuyer pour Abigaïl, je soupçonne qu’il lui fait la cour autant pour des motifs d’intérét personnel qu’à cause des sentiments affectueux qu’elle lui inspire.