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ABIGAÏL.

mistress Plampton ; j’espère bien que vous n’allez pas à la guerre !

— La trompette m’appelle sur le terrain, et je dois obéir, déclama Scales, ea récitant quatre vers d’un poëte. Je quitte la bien-aimée de mon cœur, la séparation est bien cruelle ; mais il faut partir pour la bataille, car le clairon retentit. »

Mistress Plumpton soupira douloureusement.

« Au milieu des combats, poursuivit Scales, sous le feu du canon, il pensera à toi, ô mon âme, et à l’espoir de te revoir.

— Oh Dieu ! oh Dieu ! s’écria mistress Plumpton. Eh ! quoi ? vous partez ! c’est donc bien vrai ?

— Le vaisseau qui m’emportera met à la voile cette nuit, reprit le sergent ; je trouverai des amis ailleurs, mais je laisse mon cœur ici.

— Ne parlez pas de cette manière, sergent, je vous en supplie, s’écria mistress Plumpton ; c’est une cruauté de votre part de plaisanter ainsi avec mes sentiments.

— Loin de moi l’intention de me jouer de vos sentiments, reprit Scales ; mais, dussé-je recevoir un boulet de canon, je dois obéir lorsque l’honneur m’appelle… Mordioux ! voici mistress Tipping.

— Oh ! Tipping, le sergent nous quitte, s’écria mistress Plumpton au moment où la femme de chambre entrait dans la lingerie.

— Serait-il vrai ? le sergent part ? s’écria l’autre.

— Oui, je vous fais mes adieux, interrompit Scales : la vie du soldat appartient à son pays, il faut qu’il marche lorsque le tambour bat ; heureux ou mécontent, il prend le temps comme il vient.

— C’est ce qu’il a de mieux à faire, répliqua Tipping ; certes, je ne voudrais pas être la femme d’un soldat.

— Vraiment ! s’écria Scales.

— Mais à coup sûr, ajouta-t-ellé ; supposé que je sois votre femme, que deviendrais-je, par exemple, en votre absence ?

— Vous feriez ce que fait la duchesse lorsque Sa Grâce est absente, répondit Scales.

— La duchesse n’est pas un des modèles que j’aimerais à suivre, observa mistress Tipping ; je n’aimerais pas ce genre de vie. Et si par hasard vous reveniez avec une jambe, un bras ou un œil de moins ?…