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ABIGAÏL.

savoir. Tenez, voici ce papier, » fit-elle en lui tendant un morceau de vélin plié en quatre.

Le prince eut encore recours à sa tabatière. « Si Votre Majesté punit mes deux protégés, je dois être compris dans la même sentence, dit-il enfin ; car je suis aussi coupable qu’eux. Mais vous serez miséricordieuse ?

— Je ne promets rien, répliqua la reine. Nous nous occuperons plus tard de ces deux amants affolés ; il faut d’abord que vous m’aidiez à prendre les mesures qu’exige cette invasion projetée. Oh ! mon frère ! s’écria-t-elle, Dieu m’est témoin que je voudrais tout faire au monde pour toi, à l’exception cependant de déposer ma couronne sur ton front ! »


III


Le sergent reçoit du duc une mission importants.


À son retour du palais, le duc de Marlborough se retira dans son cabinet et envoya chercher le sergent Scales. Ce dernier obéit sans retard, mais il entra si doucement que le duc, qui était très-occupé à écrire, ne l’aperçut pas d’abord.

Scales resta immobile pendant assez longtemps devant le duc, qui enfin leva par hasard les yeux sur lui :

« Ah ! vous voilà, sergent, dit-il ; je vous ai mandé pour vous annoncer qu’il vous faut partir pour la Hollande cette nuit, ou plutôt demain de grand matin ! Le sloop sur lequel vous devez vous embarquer est mouillé à Woolwich et mettra à la voile à trois heures ; il importe donc que vous soyez à bord vers minuit.

— Cola suffit, générat, répondit Scales en faisant un salut militaire.

— Je vais vous expliquer la cause de ce départ précipité, poursuivit le duc. Je vous confie des dépêches que vous remettrez vous-même entre les mains du général Cadogan à la Haye. Vous les remettrez vous-même, sergent, entendez-vous ? Le général pourrait être à Hillevoetslays ou ailleurs ; car, quoiqu’il