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ABIGAÏL.

DEUXIÈME PARTIE.

ABIGAÏL HILL.


I


Plan de Masham pour tromper la duchesse et réussite de la conspiration.


La chute de Harley et la retraite de ses amis augmentèrent tout naturellement l’ascendant des whigs ; la duchesse de Marlborough devint donc plus puissante que jamais, car on la regardait, avec raison, comme l’unique arbitre des affaires. Le conflit qui avait eu lieu avait été moins une lutte entre les deux partis ennemis, qu’un essai d’autorité entre la reine et son ancienne favorite. Le triomphe complet de la duchesse, qui en fut le résultat, suffit pour prouver l’étendue de son pouvoir. On prétendait donc que la reine Sarah (c’est ainsi que la femme du général était désignée par ses amis aussi bien que par ses ennemis) avait déposé la reine Anne.

À vrai dire cependant, quoique la duchesse eût lieu d’être confiante, elle était loin de s’abandonner à une sécurité imaginaire. Bien au contraire, elle redoublait de vigilance, tâchait par tous les moyens possibles de raffermir sa position, et s’efforçait, autant que son caractère impérieux le lui permettait, de se concilier la reine et de recouvrer son affection.

Mais avec Anne, il n’était pas possible de reconquérir une tendresse perdue. La mortification qu’elle éprouvait au fond du