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ABIGAÏL.

main, on apporta encore du punch, on se remit à danser, à plaisanter, à rire beaucoup. De cette manière, la fête du sergent s’acheva aussi gaiement qu’elle avait commencé.


XVIII


Autre scène d’amour dans l’antichambre de la reine.


Certain matin, environ huit jours après cette joyeuse réunion, la porte de l’appartement particulier de la reine au palais de Saint-James s’ouvrit sous les efforts d’une blanche main. Abigaïl et lady Rivers entrèrent dans l’antichambre. Il n’y avait là que le nouveau serviteur Mezausène, qui, à leur approche, se retira respectueusement à l’écart.

« Je vous accompagne, ma chère lady Rivers, dit Abigaïl à sa compagne, pour vous demander si vous n’avez reçu aucune nouvelle de Masharn.

— Oh ! j’avais deviné ce que vous me vouliez, répliqua la belle dame d’honneur, mais je suis désolée de n’avoir rien à vous dire sur le compte de ce cher ami. On suppose pourtant qu’il a passé à l’étranger. Il n’est certainement point allé chez son père, sir Francis Masham, à High-Laver, car lord Rivers a reçu une lettre du vieux baronnet, qui s’informe de son fils avec une certaine anxiété.

— C’est étrange ! s’écria Abigaïl, je suis à peu près certaine que Masham n’a écrit à personne ; il paraît qu’en quittant le palais il s’est rendu chez lui directement, et là, après avoir donné quelques ordres à un valet de confiance, en ajoutant qu’il serait probablement absent pendant deux ou trois mois, et qu’il ne fallait en aucune façon s’inquiéter de lui, il est parti seul, et, depuis lors, on n’a pas entendu parler de lui. Toutes les démarches de M. Harley à son sujet ont été infructueuses. J’avoue que je commence à être inquiète, et, malgré tous les efforts que je fais sur moi-même pour me raisonner, je n’y puis parvenir.

— Il est inutile que vous vous inquiétiez à ce sujet, répondit