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ABIGAÏL.

lement à Guildhall par un pompeux cortége de cavalerie et d’hommes de pied, au milieu des décharges multipliées de l’artillerie et des clameurs joyeuses d’une foule immense.

La popularité du duc avait atteint son apogée. Entrer en opposition avec lui eût été aussi daugereux que d’entreprendre de détrôner la reine elle-même ; le tonnerre des applaudissements universels étouffa la voix des factions, et pour quelque temps les efforts de ses ennemis se trouvèrent paralysés.

Tels étaient, au commencement de 1707, la position d’Anne et l’état des affaires. En apparence, tout semblait riant et prospère, et la reine devait être la souveraine la plus heureuse, comme elle était la plus renommée et la plus puissante qui fût en Europe. Nous avons raconté quelles étaient ses souffrances secrètes, et expliqué l’amertume que lui causait l’esclavage qu’elle subissait ; nous avons dit aussi qu’elle n’ignorait pas les cabales et les dissensions qui divisaient son cabinet. Un seul cœur reçut la confidence de ses douleurs secrètes : à l’oreille d’une seule amie elle daigna murmurer ses souhaits et ses projets. Il est certes superflu d’ajouter que cette personne si hautement favorisée était Abigaïl Hill.


II


L’aventurier français et la favorite de la reine.


Pendant le règne de la reine Anne, l’anniversaire de son jour de naissance était célébré avec beaucoup d’apparat. Jamais pourtant les fêtes données à cette occasion ne furent aussi magnifiques que celles du 6 février 1707. Il y eut une illumination générale, par laquelle les sentiments de la multitude se manifestèrent : car partout le nom de la reine se trouva suivi de celui du héros de Blenheim et de Ramillies. Des transparenta d’immense dimension et fort nombreux représentaient les principaux événements de la dernière campagne ; des feux de joie furènt allumés de bonne heure, et le roi de France, le