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ABIGAÏL.

— Et voici les bank-notes, » répliqua l’autre en lui donnant en échange son portefeuille.

Et tandis que l’un examinait attentivement les lettres pour s’assurer qu’il n’en manquait aucune, l’autre comptait les billets.

L’un et l’autre parurent satisfaits.

« Vous n’avez aucune révélation à craindre de Greg, monsieur Harley, dit Guiscard. Vos ennemis essayeront sans doute d’intriguer auprès de lui ; mais je lui ferai comprendre par le canal du ministre Hyde, qui, avec sa simplicité, sera pour nous un agent fort utile, que sa seule espérance de salut repose sur son silence. Une fois envoyé aux galères, je réponds du reste, c’est mon affaire.

— Adieu, marquis, répliqua Harley, vous avez rarement fait un meilleur coup que celui-ci, même aux jeux de hasard. Il est assez beau pour vous consoler du triomphe de Masham et de la perte de miss Abigaïl. »


XVI


Scène d’amour dans l’antichambre de la reine. Bannissement de Masham, qui doit rester éloigné de la cour pendant trois mois.


Saint-John comprit au regard triomphant de Harley qu’il avait réussi. Les deux amis, après un court aparté, se séparèrent, fort soulagés de la cruelle inquiétude qu’ils avaient éprouvée. L’un s’en retourna chez lui, et l’autre s’en alla au palais de Saint-James avoc Masham.

À peine furent-ils arrivés, qu’on les introduisit dans l’antichambre des appartements particuliers de la reine, où ils trouvérent Abigaïl et lady Rivers. La première manifesta à l’endroit de Masham une manière d’être froide et réservée qui déconcerta sir Harley.

« Je quitte Sa Majesté, monsieur Masham, dit Abigaïl ; elle a appris votre duel avec le marquis de Guiscard, et elle en est très-mécontente. Elle s’en est expliquée si vertement avec