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ABIGAÏL.

et il me manque un paquet de documents qui, s’il tombait entre les mains de Godolphin et de Marlborough, serait inévitablement cause de ma perte.

— Malédiction ! s’écria Saint-John, je vous conseille alors de fuir immédiatement en France.

— Non ! je resterai et j’affronterai le danger quel qu’il soit, reprit Harley ; je voudrais seulement savoir la vérité ! mais je n’ose me mettre en communication avec Greg. »

Les deux diplomates tombèrent l’un et l’autre dans un morne silence.

Ces réflexions furent interrompues par l’entrée de l’huissier, qui vint annoncer que le curé Hyde était dans l’antichambre, demandant avec instance une entrevue immédiate avec M. Harley, pour une affaire de la dernière importance.

« Qu’il entre ! s’écria le secrétaire d’État. Cet homme a été arrêté en même temps que Greg ; nous saurons probablement quelque chose par lui, » ajouta-t-il au moment où l’huissier sortait.

Hyde fut introduit.

« Vous avez probablement entendu parler de mon arrestation, messieurs, dit-il en saluant respectueusement les deux gentilshommes.

— Oui, monsieur, répondit Harley, et nous sommes charmés de vous voir en liberté.

— Ma détention a été le résultat d’un malentendu qui s’est éclairci, repartit le ministre ; mais la conscience de mon innocence m’a soutenu, et le seul désagrément que j’aie éprouvé a été de passer une nuit dans Gate-House.

— Qu’est devenu Greg, votre camarade de prison ? l’a-t-on aussi relâché ? demanda vivement Harley.

— Non, monsieur, repartit Hyde, et c’est à propos de lui que je viens vous trouver.

— Eh bien, monsieur, parlez ! Qu’avez-vous à me dire à ce sujet ? demanda Harley.

— Je ne sais comment justifier ma conduite, répliqua Hyde : mais je n’ai pas eu le courage de refuser un ami malheureux. Comme je vous l’ai dit, on m’avait enfermé dans une chambre à Gate-House, avec mon pauvre ami, et, aussitôt que nous fûmes seuls, il me fit, à l’aide des plus pressantes sollicitations, faire la promesse formelle de lui rendre un service, si, selon ses