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ABIGAÏL.

sont supérieurs aux miens, répliqua Masham en riant de tout son cœur.

— Ainsi, vous avez donné votre cœur à Phill Tredget, eh ! miss Angélica ? demanda Saint-John.

— Pas tout à fait, balbutia-t-elle en rougissant.

— Alors, ma fille, Phill se trompe étrangement, repartit sa mère.

— Je n’étais pas sûre de mes sentiments dans ce temps-là, répondit Angélica en jetant ua regard furtif sur Saint-John.

— Certainement non, répliqua celui-ci avec un air significatif. Eh bien, puisque vous avez achevé votre déjeuner, Masham, nous allons songer aux affaires ; amusez-vous ici comme vous pourrez, mesdames, jusqu’à ce que je vous renvoie M. Hyde. »

En parlant ainsi, Saint-John se leva et quitta la chambre, accompagné de ses deux amis.

« Que prétendez-vous faire de cette jeune fille ? lui demanda Mayawaring dès qu’ils furent dans la rue.

— En vérité, je ne sais, répondit Saint-John ; elle est diablement jolie ! »

Maynwaring était du même avis ; il prit congé de ses amis au coin de King-Street, tandis que les deux autres se rendaient chez M. Harley, à Seint-James-Square, où ils furent introduits sur-le-champ.

Ils trouvèrent Harley seul, très-occupé à écrire. Il avait l’air troublé, et, après avoir félicité Masham sur l’issue de son duel, il emmena Saint-Joha dans un autre appartement.

« Cette arrestation de Greg, lui dit-il, me donne beaucoup d’inquiétude. J’ai réfléchi à cette affaire toute la matinée, et je ne suis pas tranquillisé.

— Vous êtes-vous donc confié à lui ? demanda Saint-John.

— Non, répliqua Harley, mais il m’est impossible de savoir au juste ce que ce drôle a pu faire. Peut-être a-t-il ouvert mes cassettes, mes lettres, et obtenu, par ce moyen, connaissance de secrets importants.

— Calmez-vous, répliqua Saint-John ; on n’ajoutera aucune créance à ses révélations, à moins qu’elles ne soient appuyées de preuves.

— Hélas ! je crains qu’il n’ait aussi des preuves ! répliqua Harley. J’ai examiné le bureau où je serre mes papiers secrets,