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ABIGAÏL.

dée d’une avenue composée principalement de vieux ormes. Ils descendirent alors sur le bord d’une magnifique nappe d’eau, qui a êté depuis surnommée la rivière Serpentine, probablement par la raison que ce canal forme un bassin qui forme une ligne droite.

Ce lieu, coupé de charmants petits vallons et parsemé de bouquets d’arbres, était particulièrement propice à leurs projets.

À moitié chemin de l’avenue, il y avait deux sources, célèbres pour leurs vertus curatives. De nos jours encore, avant que l’hydropathie fût devenue à la mode, la foule accourait en ces lieux pour boire cette eau et s’en frotter le corps. Les abords de ces sources étaient protégés par des cloisons de bois. Plus tard, les eaux de Saint-Anne’s Well, car tel était le nom de le source principale, furent distribuées par une vieille dame qui se tenait assise tout auprès, devant une petite table couverte de verres ; et un grand nombre de personnes affligées d’ophthalmie se trouvaient soulagées en bassinant leurs yeux avec l’eau de la seconde fontaine.

À l’heure qu’il est, il existe une pompe, et les eaux passent pour n’avoir rien perdu de leur efficacité. N’est-il pas singulier que dans un siècle comme le nôtre, où on boit tant d’eau, les puits de Hampsteed, Kilburn et Bagnegge ne retrouvent point leur ancienne vogue ?

Le soleil venait de se lever et ses rayons, tamisés à travers les branches étendues des grands arbres, brillaient sur la surface de l’eau, qui miroitait comme de l’argent, et sur le sable aux mille pointes de diamants.

L’Angleterre peut à juste titre être fière de Hyde-Park, car aucune capitale ne possède un parc aussi remarquable.

Rien ne troublait le calme de ce paysage champêtre et solitaire, où nul étranger n’aurait pu soupçonner qu’à un mille de distance s’élevait une grande ville. La majestueuse capitale, voilée par les arbres, était complétement cachée à tous les yeux, tandis que sur la route de Kensington, visible par la clairiére, dans la direction du sud-ouest, on n’apercevait pas une seule maison.

Pour compléter le tableau, une harde de daims était couchée sous un chêne qui s’élevait au sommet d’un petit tertre placé sur la droite, et une volée de corneilles croassait sur la cime