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ABIGAÏL.

Addison, Garth et les autres deméurèrent fort tard, et burént un autre bol de punch encore suivi de deux autres. Il était près de quatre heures lorsque Saint-John se trouva seul.


XIII


Déjeuner matinal du sergent. Trois duels.


Le sergent Scäles se leva une heure avant l’aube, le jour où il devait se battre avec M. Bimbelot, et, comme la veille au soir il avait bu une assez notable quantité d’eau-de-vin, ainsi que le prouve la narration de la belle Angélica, la premièré chose qu’il fit fut d’apaiser sa soif à l’aide d’une pinte d’eau. Après cette libation, il procéda à sa toilette en chantant et en sifflant selon sa coutume, mais cependant un peu plus bas qu’à l’ordinaire, de crainte de dératiger toute la maison.

Habitué à se raser dans l’obscurité, il accomplit sans accident cette opération indispensable, chaussa une paire de bottes à genouillères qui lui venaient du duc de Marlborough, et ättacha son ceinturon après avoir éssayé la lame de son épée, qu’il mit dans le fourreau ; il passa ensuite sa redingote d’uniforme, prit son chapeau, et, marchant d’un pas tout pareil à celui de la statue du commandeur de la comédie de Don Juan, il gagna la cuisine dans l’intention de s’administrer une tasse de café avant de partir.

Le feu pétillait dans l’âte lorsqu’il entra, et, à son extréme surprise, il aperçut près du foyer mistress Plumpion, la femme de charge.

« Dieu du ciel, c’est le sergent ! s’écria-t-elle en feignant d’être confuse ; qui se serait attendu à vous voir venir ici si matin ? En vérité, vous vous levez trop tôt.

— Vous êtes pourtänt plus matinal que moi, mistress Plumpton, répliqua Scales. Je suis forcé de sortir pour affaire de service. Ordinairement vous n’êtes pas sur pied d’aussi bonne heure.

— C’est vrai, sergent, répliqua-t-elle, mais j’vais des va-