lement il faut que vous alliez la voir, mais encore il faudra vous jeter à ses pieds et implorer son pardon.
— Pardon de quoi, au nom du ciel ? demanda Masham au comble de la surprise.
— Je vais vous le dire, répliqua l’autre en souriant. Pardon de… Malédiction ! fit-il soudain en s’arrêtant, car Guiscard était là devant lui.
— Je vous demande pardon de vous interrompre, monsieur Harley, fit le marquis, qui devinait ce qui se passait et avait résolu d’y mettre obstacle ; mais, comme M. Masham a mis en doute ma parole, ce dont il va me rendre raison demain, je désire lui faire dire par vous-même que vous êtes favorable à mes projets d’union avec votre belle cousine, miss Hill.
— Le diable emporte l’importun ! marmotta Harley entre ses dents.
— Vous n’hésiterez pas, je l’espère, à donner à monsieur l’assurance que vous souhaitez presser la conclusion de ce mariage, poursuivit Guiscard, et que vous vous êtes engagé à faire tous vos efforts pour obtenir de la reine la permission de faire célébrer cet hymen sans délai.
— Je ne me suis pas positivement engagé à cela, marquis, interrompit Harley en regardant Masham.
— Il est impossible que j’aie pu vous mal comprendre, reprit sévèrement Guiscard.
— Non, certainement, vous ne m’avez pas mal compris, marquis, répondit Harley ; mais…
— Mais quoi, monsieur ? interrompit à son tour Guiscard avec impatience ; si vous avez perdu la mémoire, je puis facilement vous la rendre.
— Oh non ! je me souviens fort bien, dit le secrétaire d’État ; c’est en effet, comme vous dites, parfaitement exact. »
En disant ces mots, il lança un coup d’œil assez significatif à Masham, avec l’espoir que ce dernier le comprendrait.
Le jeune écuyer ne fit pourtant attention ni à ses œillades, ni à ses gestes ; il adressa un salut très-hautain aux deux interlocuteurs, et s’éloigna.
Harley, contrarié de l’intrusion intempestive du marquis, le quitta brusquement à son tour et alla s’asseoir à une table de jeu.