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ABIGAÏL.

session du parlement de 1705. À cette occasien, elle écrivit à la duchesse de Marlborough : « Je crois que nous ne serons plus en désaccord comme par le passé ; je comprends quel service m’ont rendu les gens (les whigs) que vous estimez tant, et je veux les protéger ; car je suis formellement convaincue de la malice et de l’insolence de ceux (les tories) auxquels vous avez toujours été contraire. »

Les chefs du cabinet whig, désigné sous le nom de la junte, étaient les lords Somers, Halifax, Warthon, Oxford et Sunderland. Ces cinq hommes d’État étaient doués de talents éminents et très-divers, et ils approuvaient hautement l’hérédité protestante. Il est superflu de rappeler ici le patronage zélé accordé par Halifax à des gens de lettres et de science, tels que Addison, Prior, Locke, Steele, Congrève et Newton.

Néanmoins, la reine éprouvait un invincible éloignement pour la plupart des membres de la junte, et malgré les vives instances de la duchesse de Marlborough, qui lui demandait de nommer son gendre, le comte de Sunderland, secrétaire d’État, ce ne fut qu’à la suite des sollicitations personnelles du duc lui-même, à son retour de sa dernière campagne si glorieuse, que le comte obtint ce poste en remplacement de sir Charles Hedges, qui donna sa démission. À la tête de l’opposition tory se trouvaient les lords Rochester, Jersey, Nottingham Haversham, sir Edward Seymour, sir Nathan Wright, et sir Charles Hedges.

Le comte de Godolphin, dont les intérêts, tant à cause de ses alliances de famille que par suite d’une communauté réelle d’opinions, étaient liés à ceux du duc de Marlborough, était un homme, sinon brillant, du moins d’une intelligence et d’une capacité telles, que ces qualités compensaient largement l’absence d’avantages plus éclatants ; il était particulièrement propre à la charge de grand trésorier qu’il exerçait. Méthodique, rangé, exact à payer, il éleva le crédit du royaume plus hant qu’il ne l’avait jamais été, et se trouva toujours en mesure de fournir les subsides qui lui étaient demandés. Homme d’inflexible probité, jamais il ne manquait à ses engegements ; anssi, quoique ses manières fussent rebutantes et son abord difficile, il était généralement très-estimé.

Il y avait deux autres membres du cabinet unis par une amitié sincère, M. Saint-John et sir Harley, tories l’un et