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— Oui en effet ; peut-être avez-vous raison ; on doit s’attendre à tout de la part de ces Ladrones ; les richesses dont ils nous ont dépouillés, sont incalculables ; mais rien ne saurait satisfaire leur avarice. Il y a trois ans le Saint-Père, cédant aux sollicitations et aux remontrances de S. M. catholique, notre Roi, daigna excommunier ces misérables.

— Ah ! ah ! voici une bonne chose ! qu’est-il arrivé de cela ?

— Ce qu’il arriva ? rien du tout ; ne vous ai-je pas dit que ce sont des démons ? les foudres de l’Église sont impuissantes contre eux ; ils tournent en dérision les choses les plus saintes et les plus respectables ; ainsi on rapporte qu’ils poussent l’audace, jusqu’à chanter des cantiques, lorsqu’ils s’élancent à l’abordage d’un navire Espagnol !

— Tout cela est fort intéressant, señor, dit Pitrians, mais avec l’aide de Dieu, un jour viendra où ces Ladrones, comme vous les nommez, retourneront dans l’enfer d’où ils sont sortis ; à présent que vous nous avez instruits de tous ces détails que nous ignorions, voulez-vous nous faire la gracieuseté de revenir à votre point de départ ?

— Je ne demande pas mieux, señores ; je dois donc vous annoncer, que l’on affirme que le navire aperçu il y a quelques jours, s’est approché de la Côte pendant la nuit, qu’il jeté à terre une dizaine de ces misérables bandits ; qu’ils se sont aussitôt répandus dans plusieurs villages, et que quatre ou cinq d’entre eux ont même poussé l’audace, jusqu’à se glisser dans la Vera-Cruz.

— Oh ! firent les deux jeunes gens ; ceci est trop fort !

— Oui, mais malheureusement c’est comme cela.

— Permettez-moi, señor don Pedro, dit l’Olonnais ; sans contester la justesse de vos renseignements, de vous faire observer que ces Ladrones, fussent-ils vingt, ne peuvent, dans aucun cas, nous causer un grand dommage.