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— Prenez connaissance de ces papiers à votre loisir, monsieur le duc ; dit-il ; quant à moi rien ne me presse ; je me tiendrai toujours à votre disposition, au cas où vous auriez besoin de me voir et de m’entretenir.

— Non, reprit vivement le duc, en arrêtant d’un geste l’Olonnais, après ce que vous avez fait dans le seul but de m’être utile, je commettrais une faute grave si je ne m’empressais pas de reconnaître ce service, en parcourant immédiatement ces papiers. Des choses aussi sérieuses ne sauraient être négligées. Veuillez donc, je vous prie, patienter ici, pendant quelques minutes ; cela fait nous aurons tout le loisir nécessaire pour nous entretenir.

Le duc passa alors dans un appartement contigu et laissa le flibustier seul.

Ainsi que nous l’avons dit, l’Olonnais ignorait complétement le contenu des papiers dont il était porteur ; par conséquent, il ne savait rien de leur importance réelle ; sa curiosité était donc vivement excitée. Nous n’avancerons rien de trop, en affirmant que dans son for intérieur, malgré la délicatesse innée de son caractère, il n’était pas fâché de voir se soulever le voile, dont jusque-là ce mystère avait été pour lui, enveloppé.

Près d’une demi-heure s’écoula sans que le duc reparût ; le flibustier commençait à être assez embarrassé de sa personne ; il se demandait déjà, si son noble interlocuteur ne l’avait pas oublié, et combien de temps il resterait encore prisonnier dans ce salon, quand une porte s’ouvrit et un valet parut.

— Veuillez me suivre, señor, dit le valet en s’inclinant devant lui.

L’Olonnais se leva ; sans faire d’observations, il suivit le domestique.

Celui-ci le conduisit, après lui avoir fait traverser plusieurs appartements somptueusement meublés, dans un cabinet d’assez petites dimensions, faiblement éclairé, où après l’avoir annoncé, il se retira en fermant la porte derrière lui.