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le pays et qu’il y jouissait d’une réputation d’honnêteté bien établie, sa garantie leur fut très-profitable.

D’abord, il leur évita une foule de désagréments, auxquels sans lui, ils auraient été exposés, dans une contrée qui leur était complétement inconnue ; et dont seuls ils auraient eu beaucoup de peine à se tirer ; ensuite grâce à ses relations, il les munit de nombreuses lettres de recommandation ; leur ouvrant ainsi les portes des principales maisons de la Vera-Cruz, ce qui convenait on ne peut mieux, pour la réussite des projets qui les amenaient au Mexique.

Les trois hommes franchirent sans difficultés les garitas de la ville ; l’officier commandant la garde, était lié avec l’haciendero ; il ne jeta qu’un regard distrait sur les passes des arrieros, et tout en serrant la main de don Pedro, et lui demandant affectueusement de ses nouvelles, il fit signe aux sentinelles de laisser passer les voyageurs ; ce qui, nous ne craignons pas de le constater, causa à ceux-ci, une vive joie intérieure.

L’haciendero, avant de s’occuper de ses propres affaires, voulut absolument accompagner ses nouveaux amis, à la calle de la Paroquia, où il les installa, avec force recommandations, au maître du tambò, qu’il connaissait, et dont il était le compère.

Nous ferons remarquer en passant, que le compérage en Espagne et surtout dans les colonies, est fort étendu et presque élevé à la hauteur d’une institution ; c’est une quasi-parenté, par laquelle les deux parties sont peut-être plus engagées que par une parenté réelle. Les compères ne se refusent jamais, dans les limites du possible, bien entendu, de se rendre les services que réciproquement ils se demandent.

Au Mexique, au Chili, au Pérou surtout, le compérage est considéré presque comme quelque chose de sacre ; par suite il astreint souvent à de très-grandes obligations ; obligations devant lesquelles du reste, jamais les compères ne reculent.

Après avoir commodément installé les deux hommes