Page:Aimard - Les rois de l'océan, 2 (Vent-en-panne).djvu/65

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aucun chemin et par conséquent n’aboutissant nulle part.

— Parfaitement ; si je ne me trompe cette rivière est le Jamapa, en la suivant elle nous conduira tout droit à Medellin, qu’elle traverse ; charmant village où nous ferons notre première halte.

— D’ailleurs, ajouta Pitrians, mon père le digne homme, m’a toujours dit que le meilleur moyen de trouver sa route, était de suivre les rivières, parce qu’elles conduisent toujours quelque part.

— Ton père était un homme d’un grand sens, cher ami ; c’est incontestable, mettons-nous en route, n’oublie pas que nous arrivons de Mexico, et que nous nous rendons à la Vera-Cruz.

— C’est convenu.

Les deux hommes rassemblèrent les mules et les poussèrent du côté de la rivière. Là, ils ne tardèrent pas à apercevoir une sente peu frayée, mais suffisamment large, serpentant sur le bord de la rivière.

Ils s’engagèrent sans hésiter sur cette sente, et bientôt ils disparurent sous le couvert.

Medellin est un charmant village, à demi caché, ou plutôt enfoui, sous un fouillis d’arbres odorants, et enveloppé de toutes parts des plus magnifiques spécimens de la flore luxuriante des tropiques.

Les habitants de la Vera-Cruz y ont bâti de charmantes demeures, où ils se retirent à l’époque des grandes chaleurs ; alors que le séjour de cette ville devient impossible, même pour les habitants les mieux acclimatés.

Medellin est pour les Véracruzains, ce que le Chorillo est pour les habitants de Lima, Dieppe et les autres villes d’eau pour les européens ; on y joue un jeu effréné, des fortunes s’y font et s’y défont en quelques heures ; du reste il était impossible de choisir un site plus enchanteur pour en faire un lieu de repos et de plaisir.

Donc c’était vers ce délicieux village, que se diri-