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de embarcation qui paraissait très-lourdement chargée.

En effet celle-ci contenait une douzaine de ballots faits et ficelés avec soin au moyen de lanières de cuir, et une quantité de harnais à la mode espagnole, garnis de clochettes ; en quelques instants, la chaloupe eut déposé son chargement à terre et repris le large. Un des matelots agita son chapeau au-dessus de sa tête ; à ce signal, on vit s’élever l’une après l’autre de l’intérieur du navire, plusieurs mules dont, aussitôt qu’elles atteignaient la mer, on détachait les sangles ; toutes dès qu’elles se virent libres, nagèrent vigoureusement vers la plage, où elles furent facilement arrêtées par les marins restés à terre.

Les mules furent vivement harnachées, et chargées chacune de deux ballots.

Ce dernier travail terminé, Vent-en-Panne, que le lecteur a sans doute déjà reconnu, entraîna un peu à l’écart les deux arrieros, qui n’étaient autres que l’Olonnais et Pitrians le jeune, son ami.

— Maintenant, frères, dit-il, la première et la plus dangereuse partie de notre expédition est terminée ; c’est à vous à accomplir la plus délicate, ce soin vous regarde seuls ; vous sortirez à votre honneur, je n’en doute pas, d’une affaire si bien commencée.

— Du moins, répondit l’Olonnais, nous ferons les plus grands efforts pour réussir.

— N’oubliez pas, dit Vent-en-Panne, de relire avec soin vos instructions écrites ; elles sont de la plus scrupuleuse exactitude ; en vous y conformant vous êtes certains de ne pas laisser soupçonner votre incognito ; surtout veillez à ce qu’on ne les découvre pas sur vous, tout serait perdu.

— Quant à cela, sois tranquille ; matelot, dit l’Olonnais, Pitrians et moi nous avons eu la patience d’apprendre ces instructions par cœur, comme une leçon ; dès que nous avons été sûrs de notre mémoire, le papier a été déchiré en morceaux et jeté à la mer.

— Bien, nous n’avons plus rien à redouter de ce côté-