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La rude riposte de Fleur-de-Mai avait, ainsi que nous l’avons dit, rempli les bandits de stupeur ; à présent qu’un de ses compagnons était gisant à ses pieds, le Chat-Tigre regrettait vivement d’avoir poussé les choses aussi loin ; malheureusement, il n’y avait plus à y revenir, il lui fallait relever l’audacieux défi de la jeune fille, et subir jusqu’au bout la honte de combattre contre trois femmes, ou plutôt contre une enfant ; car ses compagnes n’étaient pas armées ; l’eussent-elles été, qu’elles n’auraient été d’aucune utilité pour la défense.

Revenus de leur stupeur, les bandits s’élancèrent de nouveau avec rage contre la porte, qu’ils frappèrent de leurs haches.

Un second coup de feu retentit : un second bandit tomba.

Au même instant, de grands cris se firent entendre dans les corridors et dans les cours ; les bandits refoulés sans doute par des forces supérieures, se précipitaient de toutes parts dans la maison.

Alarmé de cette invasion à laquelle il ne comprenait rien, ne pouvant obtenir aucune explication de ses hommes, qui péroraient tous ensemble à qui mieux mieux, et semblaient en proie à une vive terreur, le Chat-Tigre essaya de s’ouvrir passage au milieu d’eux, afin d’aller s’assurer par lui-même de la gravité de ce nouveau danger, dont il était menacé.

— Non ! non ! s’écrièrent tumultueusement les bandits ; restez avec nous !

— Il veut fuir ! il veut fuir ! répétaient d’autres.

— C’est lui qui nous a mis dans cet embarras, qu’il nous en sorte ! criaient quelques-uns.

C’était un tumulte, un désordre, un tohu-bohu épouvantable.

Cependant le Chat-Tigre finit par deviner plutôt qu’il ne le comprit, qu’une troupe de flibustiers avait réussi, on ne sait comment, à pénétrer dans l’hacienda, et qu’ils étaient maîtres du premier corps de logis.

— Puisque toute retraite nous est fermée ! s’écria-t-il,